Semaine S-16 : Xénos-phobos

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

xenophobie.jpgLa peur de l’étranger est, je le crains, intrinsèque à la vie, y a-t-il une seule espèce vivante qui accueille l’inconnu sans méfiance ?
Instinct de survie dirais-je.
En cas d’intrusion, les chiens aboient, les chats feulent, les oiseaux s’envolent et si un animal s’approche d’un autre c’est généralement qu’il a faim, à peine une métaphore dans les sociétés humaines qui phagocytent les faibles.
Tous les enfants règlent leur comportement social sur ce qu’ils voient autour d’eux et dans les années d’or, on se méfiait des étrangers.

Fuyant la misère et accueillis à bras ouverts par les entreprises belges manquant de main d’œuvre, ils s’installèrent où on les parquait dans les périphéries de villes industrielles entre sidérurgie et mines.
Dans mon école primaire, il n’y avait qu’une espagnole, Mercedes, eh oui, fille de femme de ménage. C’était ma copine et je quittais volontiers ma grande maison pour son petit appartement mal foutu deux rues plus loin, ma mère n’aimait pas, je ne comprenais pas.
Elle était aussi mal vue que les italiens du moins ce que j’en entendais.
Macaronis était leur surnom, puis ciccios, ritals (./.. je suis rital et je le reste dans le verbe et dans le geste * ./.. sono un italiano , con la chitarra in mano, sono un italiano vero./..)

Moi ce que je retenais des discours des grands, on capte beaucoup plus que les parents le pensent, c’était que les italiens étaient petits, noirauds, profiteurs et avaient mauvais goût.

Si on te le dit ...

Et effectivement, la plupart des italiens que je croisais, rarement, étaient fort basanés, plutôt petits, le poil noir et foisonnant, la gourmette flamboyante, les filles enrobées de dentelles comme des bonbonnières et les oreilles percées de boucles d’oreilles en or trop clinquantes, paraissait-il. Déjà, se percer les oreilles était vulgaire dans mon milieu légèrement élitiste !
Dans "leurs" quartiers, les fenêtres de leurs maisons étaient décorées de Jésus ou de potiches kitchissimes et la chanson "à la moutouelle ma qué la vie est belle" **était bien là sur les ondes pour me convaincre qu’ils étaient infréquentables.

Donc, italiens, espagnols et autres hollandais radins, on les brocardait. Ne parlons pas des boches encore récents agresseurs, haïs copieusement par mon grand-père qui avait fait une guerre et subi deux.
Des anglais, on ne retenait que le nuage de lait dans la cup of tea, qu’ils étaient roux, les dents en avant et que quand même ils nous avaient bien aidés.
Les anglais, ça allait.
Les américains, c’était le Graal.
Les noirs, c’étaient les colonies, les pauvres petits malheureux qu’on devait aider, pas dangereux car loin, loin ... Mais intellectuellement limités et fainéants, ils n’étaient pas un danger, à l’époque. (ici comprendre une provocation)

Progressivement quand même, les italiens commençaient à trop prendre le pain des belges et le transformer en pizzas !

Qu’on finit par apprécier.

D’autant, qu’en humanité, en section Latine, je finis par découvrir que l’Italie (avec la Grèce) était le berceau de nos langue et culture avec l’aide plus jouissive de Goscinny et Uderzo dont les œuvres commencèrent à envahir toutes les librairies.

Mais toujours quasiment pas d’italiens dans mon entourage jusqu’à l’entrée en archi où un Ivo et une Annie plus séducteurs et ritals que ça tu meurs (oui, stéréotype) me firent constater que les spaghettis pouvaient atteindre et réussir les études supérieures.

Mes études achevèrent de me remettre les points sur les i et me convaincre que le design, la mode, la peinture, quasi tout l’art en fait, était italien et même la musique, la danse, tout quoi. J’appris même que les italiens peuvent être blonds au yeux bleus et même grands !

A devenir italophile !

Je n’entends plus guère de critique des italiens, ils sont, je pense, totalement intégrés.

Je suppose que vous avez compris où je voulais en venir.

La xénophobie s’est déplacée sur d’autres immigrés, pas comme nous.

Je pense que ce n’est pas qu’un problème de religion, en Belgique, on est ouvert.
Je pense qu’on est accueillants mais que bon, il faut pas pousser.
Je pense que la plupart ne demandent qu’à s’intégrer.

Mais je n’aime pas ces foulards qui fleurissent sinistrement noirs alors qu’il y a vingt ans il n’en était pas (peu) question même dans les pays d’origine.
Je n’aime pas qu’on nous critique sur la manière dont on s’habille, dont on vit.

J’aime à croire que tout va se résoudre comme il y a 40 ans et que tout le monde finira par vivre ensemble dans le plus grand respect.

C’est la seule solution.

Mais tout le monde doit y mettre du sien.

* Cette chanson dit tout du sujet et de la souffrance de l'étranger Le rital 
** La mutuelle on l’interdirait aujourd'hui !

Bon anniversaire à ma co-réthoricienne, Diane L. "gestionnaire de fortune" , oui ça impressionne mais elle est très joviale ! Mais aussi à Véronique Genest, une des premières flics vedette récurrente cinématographique !

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