Semaine S-12 : Femme sous pub imposée.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

tshirt.jpgQuand j’étais jeune, les "réclames", c’était plutôt marrant, les pignons peints des maisons nous distrayaient durant les voyages en voiture toujours trop longs à notre goût, dans les magazines il y avait de chouettes dessins et mises en scène et celles d’avant-film au cinéma servaient d’apéritif agréable au moment impatiemment attendu où le lion allait rugir !
Il ne faut pas croire que les publicitaires étaient en reste de ruse pour capter l’achat de la ménagère, déjà à l’époque, ils se servaient des enfants.

Ainsi je me souviens d’une mode des autocollants qu’on voulait bien entendu collectionner et dont d’aucuns décoraient horriblement leur pare-brise ! Bien avant les Pokémons et autres spinners, la "collectite" la plus assidue que je menai fut celle des porte-clés. Pas une marque qui ne donnait en cadeau ces petits objets rivalisant de miniaturisation de leur produit, bouteille, épi de maïs ou plus simplement logo en relief, nous alignions nos trésors sur des fils punaisés au-dessus de notre lit, fières de l’originalité ou de la rareté de nos breloques.

Mon exposition à la publicité jusque-là réduite, pris un coup d’accélérateur au début des années septante quand le câble nous amena les chaînes télévisées françaises et luxembourgeoise où elle était autorisée contrairement à notre RTB nationale, chaîne publique. Ce fut l’âge d’or des poudres qui lavaient toujours plus blanc, des barres de chocolat dynamisantes, des cigarettes virilisantes et des spiritueux bons pour la santé*.
On attendait la page de pub avec un intérêt amusé et les slogans bien trouvés étaient repris dans le langage quotidien ; leur créativité étant parfois désopilante, ça restait acceptable.

Puis on a dû subir les films coupés à la mode américaine ! C’était déjà beaucoup moins drôle et de mon avis inacceptable d’interrompre une oeuvre cinématographique, je n’inclus pas les séries qui sont conçues pour aménager des périodes pour cette agression vénale, le seul avantage étant de pouvoir aller se soulager, se servir un verre, voire de terminer un petit truc urgent.
Actuellement, certaines des plages publicitaires s’étendent au-delà du raisonnable, 8 minutes toutes les 35 minutes sur TF1 dans les programmes phares de soirée ! C’est tellement long que, chrono en main, je vais voir la concurrence en attendant, pas très malin de leur part, me semble-t-il, de risquer de perdre leur téléspectateur qui de toutes façons ne voit pas les pubs mais peut-être suis-je la seule à pratiquer cette stratégie ?

Certes, on peut aussi renoncer à la TV.

Mais les agences peuvent aller plus loin grâce à internet qu’il y a 20 ans était un monde de bisounours avec tout gratuit sans pratiquement de pubs, ça ne dura pas.
De la plupart des sites perso ont commencé à jaillir des encarts dans tous les sens rapidement imités par tous les sites de médias.

Puis vint la pub ciblée.

Ça ne me dérange pas de recevoir des annonces alléchantes pour des clés-sur-porte qui ne coûtent rien, ils n’ont pas encore compris que j’étais architecte et que je fais des recherches professionnelles, limite, ça m’intéresse de jauger la concurrence. Si en bonne Balance, j’ai du mal à acheter du premier coup, ça m’arrive parfois et là, ça me gêne de recevoir des pubs pour la même chose pendant des jours surtout quand il s’agit de vêtements XXXXXL ! Paf ! Dans ta gueule, dirais-je !
Je peux supporter la pub, mal nécessaire, mais il y a des limites.
Le summum sont les pubs liées à mon âge car Facebook, petit malin, le connaît !
dentier.jpg Que la télévision m’abreuve d’horreurs potentielles "Je ris, j’éternue, j’ai des fuites urinaires (sic)" ou "Grâce à super-colle, ma prothèse dentaire ne branle plus", je supporte vaillamment puisque je ne me sens pas encore concernée mais quand je vois défiler sur mon mur toutes les avanies éventuelles qui m’attendent c’est totalement déprimant et ça va plus loin que le sujet de mon premier billet**.
A côté des gentillets T-shirts datés comme par hasard de votre année de naissance qui vous font croire star et des suggestions de vacances idylliques avec les "seniors migrateurs", on me parle de quinquagénaires à l’hypertension souriante, de lombalgies soignées aux patchs, de redresseur de cor au pied, de soutien-gorge qui me remontera les seins flasques, de prix bradés pour des implants dentaires et de tests bidons de prothèse auditive (j’ai succombé et regardé pour ma mère, je l’avoue).
On me fait logiquement grâce du Viagra et on n’a pas encore osé me suggérer un moyen imparable de lutter contre la sécheresse vaginale mais le comble est : Alzheimer : né avant 1965 ? Lisez vite ce dossier gratuit qui me mènera certainement vers d’autres pubs encore plus ciblées et démoralisantes !

Alors, j’en ai eu marre et aujourd’hui je me suis rajeunie de vingt ans sur mon profil, bon 39 ans ce n’est plus tout jeune non plus et je vais sans doute recevoir des pubs pour début de presbytie mais en principe plus rien sur la ménopause avant un moment, ni sur la ride du lion à combler et tous les trucs miracles des grands-mères sexagénaires qui paraissent avoir 40 ans puisque je ne les ai pas encore !

On peut aussi renoncer à Facebook, à internet*** mais comment me liriez-vous ?

* Si vous voulez vous replonger dans les pubs des années septante c'est ici et c'est amusant.
** Semaine S-51 : Le catalogue
*** Oui, je sais qu'on peut installer des logiciels anti-pubs mais certains sites ont la parade et bloquent leur accès.
Ne ratez pas la meilleure pub du monde entier pour la (bonne cause) Fédération Wallonie Bruxelles  qui me fait rire à chaque fois ! Je peux traduire pour les francophones non belges.

Elle vient de fêter ce cap important, Christiane M. co-rhétoricienne et romaniste avec qui j’avais souvent de petites conversations chuchotées quand le cours était barbant.

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