Semaine S-48 : Une histoire d'amour

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

lafayette.jpgLa première fois on n’oublie jamais !

Et j’en ai eu des premières fois avec toi !

Lors de notre première rencontre j’avais 17 ans, dans le cadre d’un voyage scolaire de rhéto*.

Nouveauté personnelle, ton métro avec son odeur si particulière, méli-mélo d’huile, fer et ... urine. Son carrelage biseauté, le bruit grondant des rames, le cliquetis des portes, ses musiciens de tout type et tous ces noms de stations évocateurs. J’ai tout de suite adoré plonger dans tes entrailles sous les édicules Art nouveau de Hector Guimard. Tous ces lieux mythiques accessibles en quelques minutes, les Champs Elysées, l’Arc de triomphe, la tour Eiffel... Chaque sortie d’une de tes bouches était une découverte progressive exaltante donnant l’impression d’être dans un film au décor sans prix souvent impressionnant.

Premier concert de ma vie : énorme vedette à l’époque, Gérard Lenorman à l’Olympia (1975).

Montmartre, la grimpette majestueuse vers le Sacré-Coeur, la place du Tertre, piège à touristes certes mais d’où on pouvait partir explorer les ruelles et escaliers du « village », théâtre naturel attirant des aventures récentes du jeune Fabre joué par le beau Mehdi dont nous étions, je crois, toutes amoureuses.

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Les années qui suivirent me virent seulement te traverser, telle une maîtresse pressée, surmontée d’un énorme sac à dos. Gare du Nord - Métro - Gare de Lyon pour le train des vacances en Provence avec les « Bibis roses », les six guides « Horizon » de la compagnie Saint-Christophe.

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Puis, nous pûmes renouer plus sérieusement.

Ce fut comme une mise en ménage puisque j’habitai régulièrement en ton sein.

La participation à la Course autour du monde 1980-1981** me permit cette ré-union jouissive, je pus te parcourir comme une autochtone et non une touriste, prenant des taxis (encore une première) comme on prend un bus. Logeant, au gré de mes allers-retours dans la ville lumière, d’abord à l’hôtel puis une semaine rue des Canettes (eh si, appelez ça prédestination même avec un seul N) en plein Saint-Germain-des-Prés dans un studio prêté au sixième (sans ascenseur) d’une maison avec vue typique sur cour intérieure et enfin chez de nouveaux amis dans la proche banlieue. C’est d’Orly que je montai pour la première fois dans un avion.

C’est vrai, je ne te regardais plus, aussi blasée qu’un parisien et t’arpentais en tout sens, les écouteurs aux oreilles, un mini-cassettes dans le sac et un livre sur les genoux quand le trajet en métro était plus long.

Mais je te vivais.

J’achetais ma baguette à la boulangerie du coin, prenais un café en vitesse au comptoir du Fouquet’s et allais au restaurant aussi souvent que d’habitude en un an. J’ai vu la Boum dans un cinéma des Champs Elysées, adresse de la société de production, tourné un reportage au Père Lachaise et découvert avec enthousiasme le nouveau Centre Georges Pompidou (Beaubourg) tellement décrié avec son architecture osée, ses expos et son parvis dédié aux bateleurs. Je me rendais aux studios de la célèbre rue Cognaq Jay ou ceux de Boulogne-Billancourt comme on va au travail et étais à tu et à toi avec Patrice Laffont (présentateur de l’émission sur Antenne 2).

Comment ne pas créer un lien indéfectible ?

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Après cette lune de miel, notre idylle prit une allure de croisière.

Au bout de quelques mois, en manque, je repartais me faire draguer par tes multiples atouts au cours de citytrips d’enfer avec des amies auxquelles je voulais faire partager ma passion.

Souvenirs mémorables.

Soirée extraordinaire dans un petit bar montmartrois à enfiler des ballons de rouge avec des locaux à la gouaille inoubliable. Maxillaires et abdos douloureux après des spectacles déjantés et désopilants au Café de la Gare dans les toilettes duquel je croisai Patrick Dewaere. Promenades sur les quais, au Marché aux Puces, jeunesse et nez au vent.

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1986, succédant à Jane Birkin, en tournée avec le TURLg*** présentant le spectacle « Érasme ou La Paix persécutée », j’investis joyeusement avec mes camarades les couloirs et les loges spartiates d’un lieu devenu désormais dramatiquement trop connu.

Le Bataclan...

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Comme dans tous les couples, les occupations quotidiennes nous éloignèrent provisoirement, sans douleur cependant. Ce n’était que pour mieux se retrouver lors d’un week-end où je te présentai à mes enfants. Ils t’ont aimée de suite, la Tour, le Musée de l’Homme, le Musée Grévin, la Ménagerie du Jardin des Plantes et même le Louvre, fatigant, trouva grâce à leurs yeux.

Un autre week-end anniversaire, tu nous vis, mes condisciples de rhéto susnommée et moi en pèlerinage animé dans tes rues ensolleillées.

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Ces dernières années, comme de vieux amants encore amis, on se voit tous les ans.

Le portefeuille enfin mieux garni, je peux vivre des moments pour moi uniques dans des lieux auparavant inaccessibles.

Te visiter, illuminée, depuis un bateau-mouche en dégustant un menu accompagné d’un orchestre, se délecter d’un autre dans l’illustre Tour d’Argent avec une vue sur la Seine et Notre-Dame, s’endormir au dernier étage d’un hôtel de Montmartre en regardant tourner le phare de la Tour, acheter des chaussures aux galeries Lafayette, déambuler sous un parapluie le long du romantique canal Saint-martin, admirer les cuisses se lever au Moulin Rouge, voir Foresti à Bercy, Constance ou Caroline Vigneau dans le petit intime Comédie de Paris, rire avec Bernier au Théâtre Antoine et s’amuser dans bien d’autres endroits mythiques, Bobino, Folies Bergères ... Rentrer du spectacle le soir et se boire le dernier sous les chaufferettes d’une terrasse de café rue des Abbesses que les touristes (les autres, pas moi hein!) ont enfin désertée la nuit venue.

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Aucun partenaire n’est parfait et on s’en rend vite compte après les moments d’exaltation aveugle.

Tu as tes défauts, tes zones d’ombres, tes manques.

Mais quand on aime, on ne compte pas.

Et toi Paris, tu m’as prise dans tes bras.

Pour toujours.

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Aujourd’hui, 13 novembre, il n’y a qu’un triste anniversaire, mais tous ces moments doivent encore être possibles pour tous !

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* la Terminale en Belgique
** https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Course_autour_du_monde
*** www.turlg.be

Pardonne-moi Enrico pour t’avoir emprunté une formule géniale.

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Bons plans :

- la tour d’Argent n’est pas si chère si on prend le menu de midi, attention ils se rattrapent sur le vin (buvez de l’eau ? ^^), prévoir tenue un peu chicos et débarquer en taxi (pas très chers à Paris), on vient vous accueillir.

- il y a plein de petits théâtres démocratiques où on peut découvrir les vedettes de demain.

- je vous conseille le Tim Hôtel de Montmartre, les étages avec vue sont évidemment plus chers.

Commentaires

1. Le 13/11/2016, 20:48 par Dominique

Le Bataclan, c'était en décembre '86. Je le sais, car j'étais enceinte de Romain, né en avril '87...
Allez, bobonne, c'est pas grave, les pertes de mémoire, ça nous guette, à notre âge avancé ;)

2. Le 15/11/2016, 10:00 par Bobonne

Ca m'étonnait aussi mais je me suis basée sur la bio de Jane Birkin qui parle de 1987 au Bataclan (ainsi que le disque que j'ai) et pourtant je suis certaine qu'elle venait d'y passer, sans doute un galop d'essai !
Merci, je vais corriger ça !

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