Semaine S-5 : La peinture à l’huile est-ce si difficile ?

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

nu.jpgComme tous les enfants je fus de suite intéressée par le dessin, l’activité coloriage étant fourguée abondamment tant à la maison qu’à l’école et dans les salles d’attente, oui, je pèse mes mots.
A part entraîner la maîtrise des doigts, et provoquer une certaine zénitude due à l’abrutissement d’une tâche inutile, je ne vois pas beaucoup l’utilité des "livres à colorier", sauf l’esbaudissement exacerbé des géniteurs réconfortés de féliciter le trait qui suit la ligne donc la règle... donc la société.
A l’époque, ce n’était ni en maternelle ni en primaire qu’on ouvrait vraiment l’esprit à l’art, la créativité et l’originalité.

Les thèmes éculés revenaient avec une consternante régularité, les joies de la rentrée, Saint-Nicolas, les sapins bien entendu verts à Noël, les cloches à Pâques, les vacances, mais pas le souvenir de dessins sur la Toussaint, allez savoir pourquoi !
Ma mère était régente de coupe et de dessin mais dans le classicisme, elle pouvait corriger un trait mais n’avait pas appris le trait qui tue et ses gammes de couleurs utilisées étaient conventionnelles, n’ayant manifestement pas entendu parler de l’accord émotif presque parfait que créent des couleurs complémentaires.
Sur les murs familiaux pendaient les portraits des ancêtres dont la sympathie n’avait d’égale que la noirceur de la toile et quelques natures mortes portant bien leur nom dont celle d’un membre de la famille peintre prétendument connu.
Une petite peinture plus impressionniste achetée parmi les barbouilleurs mercantiles de Saint-Tropez égayait cependant le salon.

De mon côté, l’ouverture de la boîte de crayons Caran d’Ache à l’immuable décor montagneux suisse, me procurait toujours une forme de pré-jouissance à l’idée de choisir La Couleur qui me plaisait parmi la gamme que je rangeais toujours soigneusement dans un dégradé coloré parfait, la marque dorée gravée sur l’hexagone bien sur le haut, mon seul dépit étant la longueur irrégulière des crayons qui témoignait inexorablement de mes préférences.
Quelle ne fut ma joie quand je pus obtenir une boîte de 24 ou de 36 dont la mine "aquarelle" me rendait les lèvres multicolores pressée que j’étais de marquer des pleins et des déliés en mouillant les pointes du bout de la langue !

Évidemment, aquarelle et gouache furent des plaisirs d’enfant dont je ne me lassais pas, devant mon intérêt manifeste j’eus même droit à une trop brève initiation à la peinture à l’huile chez une connaissance.
Puis vint mon professeur de dessin en humanité précédemment évoqué.

C’est donc à 12 ans que je découvris autre chose que les marronniers* picturaux. A moi des thèmes originaux, des projets où je pouvais exprimer ma créativité tapie.
libre-belgique.jpg En parallèle, je dessinais tous les jours de tout, dont de minis Bédés, mon futur métier à coup sûr !
Ma soeur me servait de modèle d’assez bonne grâce ainsi que toutes sortes d’objets prétextes à déjouer les pièges de la perspective pour les magnifier bien sûr.
Cela ne dura que trois ans mais me donna une ouverture avant de retomber, le graphos** à la main dans un dessin rigoureux appelé "dessin scientifique" où il était question de découvrir la vraie grandeur d’une section d’un prisme conique par deux plans sécants générés par trois droites et un point dont l’abscisse et l’ordonnée étaient ... je vous passe les détails, mais ça m’amusait aussi, l’encre de Chine !
Pendant que les marges de mes cahiers se remplissaient de beaux barbus blonds, ma production prit de l’ampleur, invitations, affiches, mots doux, personnage récurrent, journal à l’école, aux scouts, on savait que je dessinais et c’était mon exutoire majeur.

Mais point question d’art. Tel n’était d’ailleurs pas mon propos.

Je commençai enfin à découvrir l’Art à l’école d’architecture.

Certes, le cours d’histoire de l’art était un peu soporifique, les diapositives dans le noir et le ton monocorde manquant sérieusement de passion de la professeure n’aidant pas, mais des idées passaient.
Le cours "d’expression" était un vrai bonheur donné par des professeurs, artistes reconnus et que dire des balades dans les beaux villages ou les musées de Wallonie à croquer sans modération assise sous un porche à quelques mètres du maître, notre maître !

Puis vint la vraie vie où il fallait travailler, je dessinais toujours, mais des maisons, c’était déjà ça mais toujours point d’Art jusqu’à ce que j’accompagne ma fille à l’Académie des Beaux-Arts où je sévis pendant trois ans.
idea.jpgDécouverte de la peinture à l’huile, son odeur, la patience qu’elle exige et le plaisir de faire des grands gestes au propre comme au figuré.
Pendant une dizaine d’années petits ateliers avec une amie puis depuis neuf ans, les pinceaux qui sèchent au fond d’un tiroir.

Sur les réseaux sociaux, tant de personnes se disent artistes parce qu’elles peinturlurent, font de la poterie ou du scrapbooking, jamais je ne me considérerai artiste, peindre est un loisir qui te vide la tête avec un résultat plus ou moins montrable à la clé, le tout dans une ambiance conviviale quand tu as la bonne idée de le faire en atelier.

Et mon nouveau défi de presque sexa est de m’y remettre, ce que j’ai fait depuis 15 jours chez l’excellente artiste Nadine Fabry***.
Bon, manifestement activité privilégiée du troisième âge (seule l’arthrose du poignet est à craindre), je suis bien dans la moyenne d’âge des joyeux peintres du vendredi, ce n’est que tant mieux, on a les mêmes sujets de conversation quand on n’est pas trop absorbés par l’obtention d’une couleur précise, la justesse d’une courbe et l’équilibre des forces dans le tableau.

Je n’ai encore rien de nouveau à montrer mais je n’y manquerai pas, en attendant ce que vous voyez est de la production de Bobonne quadra !

L’art c’est s’exprimer même si j’ai du mal avec le carré blanc sur fond blanc ou l’étron dans toutes ses positions ! Limite je vais encourager les coloristes de Mantras !

La peinture à l’huile n’est pas si difficile, pas plus que l’acrylique, l’aquarelle, le fusain, le collage, le crayon et toutes ces techniques qui te rendent heureux et parfois même ceux qui les contemplent !

mali.jpg

Une petite citation quand même : “L’art aide à vivre." Eric-Emmanuel Schmitt

* Le Marronier en journalisme 
** Graphos et rotring 
*** Nadine Fabry artiste

Cette semaine dans le club des néo-sexas, il y a une certaine Heather Thomas, actrice dont l’activité principale semble avoir toujours été de projeter ses obus en avant mais aussi Gloria Estefan, je vous réveille avec un peu de musique latino.