Saison 3.6 : Mobilité quand tu mobilises

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

tram-liege.jpgDonc c’est fête, après des années de procédures, c’est fait ! Liège va s’équiper d’un tram, comme dans mon enfance et celle de ma grand-mère Marie, à son époque, peu de voitures, les piétons marchaient dans la rue.
C’était gai de voir les étincelles crépitant sur les câbles qui zébraient les façades avec néanmoins un effet parallélogrammatique esthétique et interpellant ; vu d’un mètre vingt de haut on se demandait bien comment tous ces éléments pouvaient ne pas se détacher de leurs guides et suivre les tournants et divers reliefs !
C’était encombrant et les entrepreneurs ne devaient par rigoler pour rénover une maison.
Il fallait faire attention quand on traversait les rues, toujours pavées de surcroît, et surtout pour les vélos encore nombreux.
Ça faisait "roumdoumdoum" avec un cliquetis caractéristique !
Pratique, pas trop joli, efficace mais...
Terminé le tram en 1968*.

Bienvenue aux bus, lourdingues, crachant leurs effluves pétrolières au nez des piétons, particulièrement les enfants, prenant beaucoup de places de parking et écrasant au passage les distraits beaucoup plus que leurs prédécesseurs qui, outre leur trajet défini et précis, carillonnaient joyeusement "je suis là".

Pendant plusieurs années dans les rues mal entretenues, les rails perduraient englués dans l’asphalte ou les pavés subsistants et devenaient bien plus sournoisement dangereux. Puis le tout à l’auto aplanit les artères à grands coups de macadam aux émanations estivales malodorantes.
Les boulevards et les quais au lieu d’endroits de promenades appréciés devinrent des artères roulantes et bruyantes ; les rues, des parkings surchargés, jusqu’à ce qu’on les fasse payer au détriment d’un accès spontané.
J’ai dû attendre au moins mes 15 ans pour être autorisée de rouler à vélo en ville tellement cela faisait peur à mes parents.
Dans le même mouvement, les trains qui transportaient tout voyageur dans le plus petit village furent déclarés obsolètes.
Fermeture des gares tertiaires voire secondaires.

Mobilité verrouillée.
Je vous passe les détails, on en parle assez.

Eh voilà, 50 ans plus tard on se réveille (non sans avoir explosé la place St Lambert et détruit des espaces millénaires au profit d’entrées d’autoroute pénétrantes et de souterrains inutilisés) !

Quelle bonne idée, un nouveau tram qui traverse Liège pour remplacer la célèbre ligne de bus 4 qui joint Herstal à Seraing en suivant un trajet parallèle à la Meuse, forcément**!

Eh bien Bobonne se demande pourquoi ne pas exploiter le fleuve, depuis peu parcouru d’une navette fluviale touristique, au succès grandissant, qui suit les mêmes sinuosités, à la manière des Vaporettos***? En plus, des navettes "RER" pourraient traverser la Wallonie sans embouteillage. J’ai l’impression que ça coûterait moins cher que les sites dédiés encombrant les voies terrestres.

En même temps on rêve du "tout au vélo" surtout depuis l’arrivée moins fatigante des vélos électriques.
Si on a les moyens.
Pas que pour en acheter mais pour en racheter à chaque vol !
Outre des parkings sécurisés, il leur faudrait des puces GPS.
Et de solides porte-bagages cadenassés.

Il reste la balade campagnarde beaucoup moins dangereuse, enfin encore faut-il avoir les mollets pour rejoindre les faubourgs arborés ou le véhicule ad hoc puisque les trains et les bus n’acceptent pas (plus) si facilement les deux roues.

Vive le RAVeL !
Le Réseau Autonome des Voies Lentes a quand même utilisé tout le rail qui desservait nos campagnes et avait été abandonné au profit de la voiture.
Parlons-en, les gares ferment, les postes et les banques de proximité ferment !
Plus de ticket, plus de pipi, plus de renseignements, plus de cash (mais des amendes et/ou des frais), c’est faire un peu fi des babyboomers et leurs parents encore vivants qui ne manient pas le QR Code et autres joyeusetés informatico-mobilophoniques !
Qu’attend-on pour y faire rouler de minibus électriques qui permettraient à nouveau des circulations entre villages et un accès sans véhicule aux gares principales ?

Mais en attendant, outre abandonner l’automobile, on conseille d’acheter et de manger local !
Et j’y vais comment sans voiture dans mon désert avec mon cabas plein de bocaux réutilisables et de bouteilles consignées ?
Premier arrêt de bus : à 2 km, genre un le matin, un le soir et qui met une heure pour faire 30 km.
Trois gares pas forcément desservies par les susdits bus : entre 15 et 22 km.

Pour être écolo-responsable, reste à retourner en ville et à squatter chez ma fille qui m’accueillera évidemment les bras ouverts, je sens qu’elle va me lire avec attention ! Ah non, merde, de toute façon, la rue est bien trop en pente pour une Bobonne dans 10 ans, déjà maintenant …

Bon, j’ai fait mon deuil de la mobilité en campagne, déjà si celle des villes et banlieues était parfaite...

Allez, la Vague Verte annoncée, essayez de faire moins de conneries que la dernière fois avec les panneaux solaires qui défigurent nos villages et ont fini par rendre presque tout le monde mécontent !

La lutte pour le climat commence par la mobilité retrouvée avant toute chose en ne pénalisant pas mais en créant de vraies solutions.

La gratuité des transports, non ! Leur efficacité, oui !

Présentez du concret réaliste et nuancé, peut-être voterai-je pour vous ?!

Bobonne manifeste dans son canapé !

* Liège, le dernier tram disparaît.
Comparez :
** Le tracé du tram de liège 
*** La navette fluviale de Liège circuit

Dji ramtèye cô avou soula mais cette fois j’aborde le sujet sur un angle adaptable à bien d’autres villes ! Ce n’est qu’un billet d’humeur, j’espère vraiment avoir des réactions, policées, dans tous les sens.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://accessit.be/index.php?trackback/128