Semaine S-18 : T'as beau pas être beau...

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

moche2.jpgNier l’exigence de beauté du monde vivant est carrément nier la pérennité de sa reproduction.
Les végétaux, les animaux, des hommes et femmes plateau en passant par les longs cous birmans, aux horribles mutilations et contraintes diverses, partout sur terre on se pare d’atouts ou même, pour les humains, se torture pour plaire, pas une société qui n’ait ses critères de beauté.
Parfois même on se sous-alimente pour y parvenir.

La plupart des bébés naissent avec un a priori "adorationnel" et inconditionnel familial pour ce petit être affrontant la vie avec ses tares et avantages génétiques, j’appartins heureusement à la catégorie "beau bébé", ce qui voulait dire dodu, et je n’eus donc guère de séquelles psychologiques inconscientes comme deux connaissances ayant été clairement déclarées laides à la naissance par leur entourage, malgré tout devenues très avenantes, rien n’est donc jamais perdu.

Mais une fois que l’enfant quitte le cocon familial, les critiques fusent et la construction d’un moi satisfait passe par beaucoup d’épreuves.

Dans les "soirées dansantes" de mon adolescence, les premiers contacts avec la gent masculine étaient encore très convenus.
Bien alignées le long des murs, les filles sirotaient sagement leur coca à l’occasion blanc et pour les carrément chochottes, une eau, en attendant d’être invitées par un ado pas trop muant ni boutonnant, le poil hirsute dompté si possible.
A cette époque il y avait quatre types de danse proposés par les disc-jockeys, les rocks nécessitant un certain-savoir faire et où le bon cavalier était rare, les slows qui clairement voulaient dire que tu plaisais surtout en version collé-serré, les "jerks" où tu pouvais te lancer sur la piste spontanément et gesticuler à ton aise et les détestées "bambas" où tu étais éventuellement choisie pour un triple baiser mouillé, assise sur les genoux du conquérant, avant d’essayer toi-même d’en captiver un autre.
On savait s’amuser en ces temps-là, mais en gros, tu étais susceptible de faire tapisserie plus de la moitié du temps et c’est là que je constatai que les belles nanas restaient bien moins assises que moi !

Les partisans du "Ce qui compte, c’est la beauté intérieure" me font bien rire l
Balivernes !
La société est bien trop cruelle pour ça.
Hélas, les femmes doivent être belles, avec un peu de tout bien placé mais pas trop et évidemment sont priées d’être féminines.
Les hommes, qui eux, peuvent se permettre rides et poignées d’amour et même calvitie précoce sans rejet féminin, ne sont par contre pas gâtés avec les performances que sont censées remplir, si j’ose dire, les parties plus cachées de leur anatomie ce dont la majorité des femmes se foutent comme d’une guigne mais c’est une autre histoire.
Je ne m’étendrai pas plus sur les nombreuses contraintes esthétiques auxquelles la femme et maintenant l’homme doivent se soumettre pour rentrer dans le cadre de la désirabilité, on en est assez submergé comme ça !
Il est évident que nous sommes tous soumis à ce dictat et même si certains résistent plus que d’autres, rares sont ceux qui se foutent complètement de leur apparence.
Il faut se résigner, les gens beaux selon les critères de la communauté dans laquelle ils évoluent ont plus de succès que les autres, je devrais d’ailleurs émigrer en Amérique du sud !*

Il y a bien sûr quelques vraiment laids ou hors idéal de beauté qui réussissent à plaire tels quels....
Dans les années septante les archétypes avérés de la laideur étaient Alice Sapritch pour les femmes et Serge Gainsbourg pour les hommes qui en souffrait bien qu’il ait déclaré le contraire en chanson !** Pourtant Serge a fréquenté les plus désirées des stars et Alice était une belle femme en fait et une beauté à côté de son "héritière" cinématographique, Rossy De Palma*** dont l’aisance et l’extravertisme prouvent bien qu’on peut survivre à la laideur.

Mais la majorité du peuple doit s’accepter au quotidien.

Outre ma petite taille précédemment évoquée, je me trouve des imperfections évidemment objectives et un excès pondéral variable mais franchement tenace ces derniers temps. Victimes du culte de l’apparence on a recours aux petits aménagements réguliers et faciles tels la couleur de cheveux, le maquillage, la gaine, le push-up et bien d’autres petites compromissions avantageuses.
Puis, si on ne s’aime toujours pas, on déploie l’artillerie.
Des personnes proches qui se sont fait faire des retouches, j’en connais.
De celles qui en l’absence génétique de deux incisives ont fait en sorte de transformer leur sourire carnassier en un plus herbivore, à celles qui ont préféré à un nez aquilin de caractère un appendice nasal plus commun, en passant par la blépharoplastie, l’élimination du gras du bide, l’augmentation ou la réduction mammaire, il ne faut pas croire qu’il n’y a que les vedettes qui passent sous le bistouri, j’ai moi-même succombé au peeling effaceur de cicatrices.

Actuellement, paradoxalement, les critères de beauté évoluent dans tous les sens.
De stigmates de barakis, le tatouage devient un art tentaculaire, on se perce tous les appendices et pas que, on se gonfle les seins, les fesses, les lèvres, les pommettes sans vraie nécessité et avec plus ou moins de réussite, la chirurgie esthétique injustifiée faisant des ravages impressionnants.
Je ne comprends pas du tout ça, signe que mes capacités d’ouverture diminuent manifestement avec l’âge !

Monde cinglé !

Merci à Louis Chédid pour l’emprunt du titre et de la chute de ce billet.

* Le corps féminin idéal selon les pays
** Des laids, des laids.
*** On ne sait jamais si je suis une belle moche ou une moche belle 

Il y a cependant quelques évolutions, les mannequins "ronds" et les mannequins âgés (mais toujours minces, faut pas cumuler quand même !) commencent à plaire aux annonceurs. J'ai mes chances !

Pensée à ma co-réthoricienne et en plus consoeur Colette D. qui a rejoint, j’en suis certaine, les sexas sans complexe !

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