Saison 2.6 : Noir ... noir ?

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

noir.jpgNotre deuxième roi, Léopold II, colonial éclairé devenu habilement chef officiel du Congo avant de le léguer à l’État belge, a joyeusement spolié ses richesses aidé par l’Église qui grâce à de pieux missionnaires ne faisait pas mieux en aliénant les esprits (jugement de valeur qui n’engage que moi).

En 1960, mes deux oncles militaires expatriés dans cet immense territoire africain furent obligés de rentrer fissa dans la mère patrie, ça chiait grave à Léopoldville où Mobutu, renversant une révolution négociée plus ou moins à l’amiable, sous des dehors d’abord de pacificateur, avait probablement décidé que ce serait lui qui jouirait désormais des richesses de son pays, sceptre à la main et toque de léopard au vent.*

Malgré le coup d’état, les bonnes sœurs continuèrent à être d’une charité toute catholique vis-à-vis des "pauvres petits noirs" qui mouraient de faim.
Ma première rencontre avec l’existence de la négritude était cette tire-lire trônant sur le bureau de l’institutrice, figurine dont la tête opinait en disant merci quand elle avait le bonheur de recevoir notre obole et nous celui d’être des chrétiennes généreuses pour l’enfance nécessiteuse.
"Tintin au Congo" de Hergé, acheva de me faire penser que ces êtres qui parlaient sans "R" et nous appelaient "missié" avaient besoin d’aide.
Pour moi, les noirs étaient malheureux, à accueillir et à protéger, ce ne fut que plus tard que je compris, aidée par Martin Luther King entre autres, qu’ils étaient maltraités et pas qu’en Afrique.

En humanité, Michou (prénom d’emprunt), belgo-congolaise, nous rejoignit, son côté relax me séduisit de suite, en primaire j’avais flashé pour l’espagnole Mercedes, sans doute la spécificité m’intéressait-elle ?
C’était l’époque d’Angela Davis, des Jackson Five et des coiffures crépues en boule (qui reviennent à la mode) et elle se faisait une double queue serrée d’élastiques à boules pas trop jolie comme pour effacer son métissage, je lui conseillai cette coupe afro qui lui aurait convenu à merveille mais non, sans doute voulait-elle rester discrète ?
Sinon, pour moi, elle n’était pas différente des autres, à part plus drôle et aventureuse.
Nous sommes en "retraite" scolaire à Banneux, lieu de pèlerinage et d’apparition de la Vierge.
Michou et moi avons faim, tout le monde dort et est très raisonnable, sauf nous, je ne sais qui a initié l’aventure, mais on décide une descente dans les cuisines, à l’aveugle ne connaissant pas trop le positionnement des interrupteurs.
Et moi, super connasse  : "Merde ! Il fait noir comme dans le trou du c.. d’un nègre !"
J’ai rougi en me rendant compte immédiatement de mon indélicatesse. Un ange est passé dans le ... noir, malgré la lumière qui fut, rien hélas à nous mettre sous la dent, punition céleste ? On est restées amies mais je pense que c’est la plus grande honte de ma vie, pourtant tout le monde sait que je ne suis pas vite gênée !

Il a fallu attendre d’être en Archi pour rencontrer un autre "noir".
Alphonse était physiquement l’archétype du congolais, petites oreilles, nez épaté, lèvres lippues qui en s’étirant découvraient de jolies dents très légèrement proéminentes lui donnant un sourire gourmand et malicieux, torse musclé se terminant par un magnifique popotin rebondi.
Tout comme moi, on l’entendait venir de loin, sa voix basse et chaude lançait des plaisanteries à tout va dans un grand rire ravageur.
Envoyé jeune en Belgique par sa famille, Alphonse était totalement acculturé, un liégeois comme les autres, se moquant le premier de sa négritude, mon cher futur confrère était apprécié de tous, me semble-t-il.

senegalais.jpgC’est en 1980 que je mis les pieds pour la première fois en Afrique, au Zaïre** précisément, accueillie par des amis expats pour un Noël inoubliable. Le choc fut grand mais même les vol et autre tentative d’extorsion ne tempérèrent pas mon plaisir de rencontrer (pas assez hélas) des gens d’une mentalité tellement différente. J’adorai de suite.

J’ai depuis visité plusieurs pays d’Afrique avec des expériences toujours mémorables de discussions franches avec les autochtones même si souvent, mais pas toujours, intéressées. Les plus formidables sont les sénégalaises, pendant que leurs maris glandent, elles font le business dans une logorrhée commerciale jouissive, ne renonçant jamais. Si tu joues le jeu, tu t’amuses bien et souvent tu craques pour la nappe dont tu n’as pas besoin ! Quel plaisir !

Quand je mets le pied en Afrique, l’inconfort mis à part, Bobonne ayant donné son maximum dans le domaine, je me sens dans mon élément, cet odeur mélangée d’arômes allant du poulet grillé à la putréfaction finit par m’être aussi agréable que celle, bien typée aussi, des fermes de mon enfance.

La dernière fois que j’ai côtoyé des "noirs" c’était dans les caraïbes, ils sont français et pourtant ils ont conservé cette coolitude ancestrale qui fait tout leur charme.
Serait-ce génétique ?

On a tendance à mettre des caractéristiques sur les nationalités et on appelle ça le racisme alors qu’on s’accorde aujourd’hui pour dire qu’il n’y a qu’une seule race humaine*** et qu’on est censé être tous égaux.
Les clichés sont nombreux sur les noirs, laids, bêtes, paresseux, et pour les fous furieux, inférieurs. Michaël Jackson a dû le croire, défrisage, blanchiment, rhinoplastie malgré sa reconnaissance internationale et sa gueule sexy, même avec un nez rond.

Le mot nègre est tabou, si on est bien pensant par contre, on parlera de blacks comme si le mot noir était une injure. Le racisme positif est mal vu aussi, on ne peut pas dire que les noirs sont bons pour la course, la musique et ont la danse dans le sang ni que les asiatiques sont travailleurs d’ailleurs ! Lesquels asiatiques se font débrider les yeux, boucler et teindre les cheveux !
Je ne comprends ni le racisme ni le pseudo langage politiquement correct, hypocritivisme sociétal (j’aime inventer des mots).

sculpture-noir.jpgMais le vrai problème semble être que les africains noirs sont (pré)destinés à être bafoués, manipulés, écrasés, est-ce dû à leur culture tribale et guerrière (pas frapper sur la tête) ?
Voilà qu’on apprend que c’est rebelote, l’esclavagisme**** est de retour, le vrai avec des chaînes, des ventes publiques et tout, rien à voir avec l’asservissement de l’être humain (souvent femmes et enfants) par ses pairs qui existe encore dans beaucoup de régions du monde mais de manière plus sournoise, en tout cas discrète, non, la vraie traite des noirs, le retour.

Ils fuient en masse au péril de leur liberté, traités ici et là comme du bétail mal soigné.

Ce n’est pas normal.

Noir ... noir, mais humain.

Le titre de ce billet est bien entendu inspiré du cultissime sketch de Muriel Robin Le Noir https://www.youtube.com/watch?v=DOHr60Q_S4k
* Il s’agit ici d’un résumé lapidaire personnel, pour en savoir plus sur l’histoire du Congo belge c'est ici 
** Zaïre : ex-Congo, nom porté par l'actuelle République démocratique du Congo sous la Deuxième République, entre 1971 et 1997. 
*** Le concept de race pour l'espèce humaine 
**** Esclavage en Lybie

Alphonse m’a promis une petite bafouille sur sa revendication de sa négritude, j’attends ;-)

La discussion continue ailleurs

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