Semaine S-23 : Ma cousine et les choses de la vie.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

cousine.jpgMa cousine, plutôt rieuse de nature, nous a fait une sale blague il y a deux ans. A soixante ans, son cœur l’a abandonnée inopinément et nous avec.
Enfant, en attendant que je puisse échanger avec ma petite sœur, c’était avec elle que je communiquais le plus. C’était ma grande frangine, mon professeur des choses de la vie et quand on naît dans une époque où on pense peu à en informer les enfants, c’est précieux.

Pendant les vacances chez nos grands-parents, en tant qu’aînée, elle avait le droit d’aller coucher une demi-heure après moi, heureusement nos chambres communiquaient et, avant de monter, j’exigeais dans un chuchotement complice la promesse qu’elle me réveille si je n’avais pu lutter contre le sommeil en l’attendant.
Régulièrement, fidèle à sa promesse, elle devait user de stratagèmes divers pour me sortir des bras de Morphée manifestement trop enserrant, dont un fut assez mémorable puisque, en désespoir de cause elle, m’alertant : " Y a le feu !", toujours endormie, je lui répondis in petto "Éteins-le" !

Mais généralement, ça fonctionnait et commençaient alors des discussions diverses, jeux de mots, devinettes, échanges d’opinions et confidences, manifestement plus propices de nuit. Comme nous guettions le coucher des grands-parents qui, hélas, devaient passer par nos chambres, souvent je la rejoignais carrément dans son lit afin d’être plus discrètes voire m’aplatissais sous les draps en cas d’arrivée du Gendarme, surnom affectueux mais assez réaliste donné à Mamy.
Sa Barbie (la première de Mattel), bombasse taille de guêpe, attributs provocants, choucroute blondasse et pieds déformés par des chaussures immanquablement à talons alors que j’avais dû me contenter de Skipper*, adolescente (beaucoup) moins sexuée aux longs cheveux raides et ballerines, ne suffisant pas à assouvir ma curiosité, à l’abri sous les couvertures, elle me laissa contempler et même tester la consistance de ce qui allait bientôt pousser chez moi.

C’est elle aussi qui, d’une manière peu académique mais la première me fit comprendre, entrevoir, plus ou moins les mystères de la procréation voire de la sexualité.
Une nuit, alors qu’on était en plein "Quel est le comble de ...? ", elle se reprit et me dit :
- Non, ça, tu ne pourras pas comprendre !
A ne pas me dire.
Bien entendu, j’insistai, certaine de mes capacités cognitives.
Évidemment, elle succomba, elle prenait son rôle d’initiatrice assez à cœur, il est vrai.
- Viens voir.
Sortie du lit, allumage et direction sa petite bibliothèque où trônait l’encyclopédie "Tout l’Univers", notre internet de l’époque.
Un volume extrait, elle me montra une coupe anatomique transversale d’un homme et d’une femme et me dit, pointant du doigt les endroits ad hoc :
- Tu vois, pour faire des enfants, un homme doit mettre ça, là !
...

J’étais donc apte à comprendre le comble de l’hôtesse de l’air qui est de se mettre à poil sur l’avion pour lui faire relever la queue !

Oui, je sais, c’est limite.

J’ai dû rire du genre "J’ai bien tout compris, tracasse !" alors que je n’avais sans doute pas capté tous les tenants et aboutissants de la chose, si j’ose dire.

De la même manière très prosaïque, mon petit cousin, son frère, et moi, nous éclairâmes mutuellement sur ces différences secrètes dont l’exposition était interdite. A "Un, deux, trois !", nous baissâmes nos cottes**, histoire d’observer, scientifiquement bien sûr, ce qui, outre notre morphologie générale, nous différenciait vraiment.

Au delà de cet intérêt bien naturel que mes enfants n’eurent en principe pas à assouvir, la libération sexuelle étant passée par là (laisser de jeunes enfants s’ébattre ou de prendre son bain avec les siens en toute saine nudité, est devenu commun), il y avait le côté plus relationnel de l’apprentissage de la vie amoureuse pour lequel les parents restent un peu hors circuit même aujourd’hui.
Même si la Gestapo (autre surnom un peu moins gentil donné à notre grand-mère ) veillait au grain, elle avait du mal à contenir la puberté précoce de ma cousine qui chassa tôt le coquelet et était une poulette très prisée. Mais elle n’avait guère d’yeux que pour le beau Giovanni, roi de la basse-cour qui lui en faisait voir de toutes les couleurs de ses plumage et ramage italiens réunis.
Du haut de mes douze ans et absolument pas intéressée personnellement, j’appréciais le rôle de conseillère pré-matrimoniale, régulièrement je lui suggérais stratégie et réactions dignes dans toute cette drague séductrice adolescente.

C’est dire si mon apprentissage fut complet !

Je mis quand même quelques années avant de passer de l’observation théorique à la pratique mais jamais je n’oublierai ces moments uniques passés avec Viviane qui pour la petite histoire, abandonna son coq latin pour son mari jusqu’à ce que la mort les sépare...

La petite "soeur" de Barbie s'appelait Skipper, représentant bien ma cousine et moi !
En vérifiant le sens correct de baisser ses cottes", je suis tombée sur une mine de renseignements, chouette site que je ne connaissais pas, voici une variation presque infinie sur le thème  : The free dictionary.

Déjà qu’elle était belle mais je rêvais d’être à sa place quand elle embrassa le beau Mehdi dans "Le jeune Fabre", merci de continuer à ouvrir la voie des sexas extra Véronique Jannot !

La discussion continue ailleurs

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