Semaine S-13 : Quand la musique est bonne !

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

chien-musique.JPGDans la maison familiale, il y avait un joli piano droit laqué noir muni de deux paires de chandeliers vaillamment monté au deuxième étage mais que personne n’avait jamais eu le courage de redescendre.
Installé dans ma chambre, je pouvais donc en jouer de manière totalement inculte une fois les trois morceaux que connaissait mon père acquis. J’avais créé mes propres partitions en marquant chaque touche d’une couleur au feutre afin de pouvoir rejouer mes sublimes créations depuis le petit carnet où je les notais consciencieusement.

L’autre source musicale était une grosse radio en bois verni à transistors dont il était très gai de tourner le bouton en faisant parcourir le monde à l’aiguille  pour entendre musiques et langues étrangères entre deux bruits style "Ici radio Londres" qui ajoutaient au mystère de ces ondes captées par Dieu sait quel miracle !
On y écoutait évidemment religieusement les journaux parlés jusqu’à l’ arrivée de la télévision précédemment évoquée survenant peu après l’achat d’un tourne-disque obligé car lors d’un goûter d’anniversaire j’avais reçu d’une camarade plus dans le vent, un 45 tours de Sheila !
C’était un Philips dont le couvercle était composé des baffles stéréo, une sorte de carotte permettait d’empiler une sizaine de vinyles bloqués par une fourche qui se déboîtait miraculeusement pour lâcher le disque suivant à la fin des deux morceaux du précédent sans qu’on ait à s’interrompre dans nos gesticulations enfantines.
Quelle modernité !
Ma mère, ayant des goûts dans la vague, nous eûmes vite à écouter quelques productions des Beatles et autres chanteurs à voix genre Tom Jones, le viril, qui la faisait tomber en pâmoison quand mon père nous gratifia de Mozart et du Concerto N° 5 de Beethoven* dit de l’Empereur que ma sœur et moi adorions rejouer tout en vocalises devant le grand miroir du salon et à grand renfort d’amples gestes inspirés à la von Karajan, popopopom ... Le réécouter me donne toujours les mêmes frissons et enthousiasme !

Mon passage au cours de musique fut bref, bien que motivée, je n’avais pas l’oreille et cette étape obligée par le solfège sans pouvoir toucher d’instrument, totalement rédhibitoire. Mes tentatives ultérieures à l’apprentissage de la guitare firent de moi une gratteuse juste bonne à faire du bruit aux veillées scoutes. Mon manque d’aptitudes dans le domaine restera mon éternel regret !
A l’adolescence, parallèlement à la participation à la chorale paroissiale dont je ne sais si c’est la beauté des chants religieux ou celle des quelques garçons qui s’y risquaient qui m’attirait le plus, je cassai ma tire-lire pour un splendide radio-cassette portable Panasonic acheté 3 000 FB (75 €), une fortune à l’époque. Je devins rapidement d’une précision  redoutable pour enregistrer les chansons à la mode entre la fin de l’introduction de Max (Les routiers sont sympas) et l’interruption prématurée du morceau convoité par une importune pub.
Les yéyés étaient has been, Cloco et autres chanteurs à minettes méprisables, le disco juste bon pour danser, mais on était fan de Gérard, Julien, Véronique, France, Pierre et surtout de tous les groupes anglo-saxons qui passaient en boucle dans les soirées dansantes que je pouvais enfin fréquenter.

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Puis j’évoluai  avec l’achat d’une vraie chaîne stéréo vers l’acquisition plus intensive de tout ce que j’adorais, comme Supertramp, The Who, Dire Straits, Mike Oldfield, Génésis et mon favori pour toujours, Queen, et à l’enregistrement sauvage de tout ce que je ne pouvais m’offrir.
A moi les playlists aux décibels "voisinicides", le karaoké avant l’heure, micro en main, le nez sur la pochette, m’enregistrant afin d’enfin m’améliorer bien hypothétiquement dans la langue de Shakespeare !  Le tout dans une transe déjantée qu’heureusement jamais personne ne verra.

L’âge aidant et le portefeuille s’améliorant je pus enfin envisager les concerts et les festivals, Werchter et le premier pétard puis les Francos, Couleur Café, Esperanza, Nandrin festival, les Ardentes et toute manifestation payante ou non qui s’offrait à mon appétit musical.

L’arrivée du CD bouleversa un peu tout ce cérémonial de la pose délicate de l’aiguille sur le disque préalablement essuyé ou ce rebobinage de cassette si frustrant.
Les plates-formes peer to peer ** me poussèrent dans le piratage éhonté et dans la possibilité d’écouter des heures de musique sans avoir à bouger autre chose que mon index.
Bon, je me laisse encore aller de temps en temps à la danse échevelée, mais allez savoir pourquoi, c’est beaucoup plus rare !

Aujourd’hui, les jeunes (mais les vieux s’y sont mis) écoutent de la musique non-stop, en streaming, en toute légalité, une discothèque entière tient sur une clé USB, les PC servent de chaîne-table de mixage, on charge les nouveautés sur le WEB, (presque) finies les belles pochettes, on n’arrête pas le progrès !

Mais que vois-je poindre à l’horizon ?

Le retour de la platine et le goût du son chaud des vyniles, même les crachotements ont la cote.

J’ai bien fait de garder mon petit matos moi !

* Pour les mélomanes Symphonie N°5 en intégrale
** En français pair à pair

Ma pensée va à mon amie et co-rhétoricienne, Bernadette R. dentiste et folle de déco qui vient de passer le cap avec beaucoup d’optimisme !

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