Semaine S-19 : Lire, c'est l'avenir.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

livres.JPGOn peut dire que ce fut une révélation, quand je compris que ma rentrée à la grande école allait me permettre de me passionner pour des histoires, télévision encore absente, sans dépendre de quiconque, je m’appliquai pour apprendre à lire au plus vite.

Mon premier livre fut "Oui-Oui au pays des jouets" écrit en bien grand et avec, j’imagine, un vocabulaire à ma portée mais qui m’intéressa peu, apparemment avec raison, puis assez vite, j’écumai tout bouquin mis à ma portée comme les vieux "Les malheurs de Sophie" de ma mère avec leurs illustrations d’un autre temps, bien qu’enfant assez sage, je n’eus aucun mal à me projeter dans les déboires de l’héroïne dont la curiosité n’avait d’égale que la mienne mais l’entraînant systématiquement dans des péripéties inattendues se terminant par punitions, fessées et autres sévices d’une éducation autoritaire effrayante qui avait un siècle.

Mais ce qui, enfant, me passionna encore plus est la collection "Le Club des cinq" ! Aventure sur aventure, esprit d’équipe, tout me plaisait, surtout Claude, garçon manqué à laquelle je m’identifiais, les héroïnes bravaches, chef de bande qui plus est, étant rares à l’époque.
Parallèlement, j’adorais également la BD, quand on allait faire le Priba 2000 du samedi en famille, je me dirigeais au rayon librairie où je rejoignais la rangée de jeunes, un livre emprunté sur les genoux, lecteurs absorbés assis les jambes en travers de l’allée. Jamais on ne nous en délogeait, sans doute des enfants sages étaient-ils préférables à des braillards hyper-actifs ?! De nos jours, les réseaux sociaux activent surtout les pouces, je ne vois plus jamais le moindre jeune dans les rayons lecture des grandes surfaces.

La petite bibliothèque de l’école me voyait débouler régulièrement au rythme de la dizaine de livres dévorés qu’on pouvait emprunter à la fois, avant que celle des Chiroux*, ouverte à l’aube de mon adolescence, satisfasse plus complètement mon avidité dans le domaine.
Ça tombait bien, je commençais à apprécier les lectures plus complexes générées par mes goûts et les obligations scolaires, à ce sujet, je fus totalement horrifiée à la lecture de "Quo vadis ?", mes douze ans ayant du mal à comprendre tant de cruauté, ce fut mon premier livre "adulte", un pavé mémorable !

Parallèlement, j’adorai "La guerre des boutons" qui reste un de mes livres préférés, la trilogie de Pagnol qui me fit sentir tant la Provence que le bonheur de l’enfance heureuse et je tremblai devant Folcoche puis évidemment, continuai à élargir le champ.
Agatha Christie était parfaite pour me tenir en haleine, Guy des Cars avec ses sujets racoleurs me captiva un temps jusqu’à ce que, mes exigences littéraires s’affinant sans doute, je jugeai son style facile utilisant toujours les mêmes ficelles stylistiques.

J’eus une boulimie totale pour "Germinal" que je liquidai en 24 heures, ne faisant plus que ça à l’exception de quelques heures de sommeil nécessaires et au détriment d’une interro de math tandis que Madame Bovary m’emmena bien sûr dans la découverte des affres amoureuses !
Zola m’inspira, de surcroît, une première tentative d’écriture de roman dont le misérabilisme des premiers jets fit pleurer de rire ma mère, ce qui coupa net mes ambitions littéraires ! J’avoue que j’y parlais d’enfants gisant sur d’immondes grabats et subissant d’intenses avanies à la Cosette de Victor Hugo !

Plus tard, je dévalisai les trésors de mes amies me permettant d’élargir mes lectures à d’autres auteurs comme Stephen King qui lui, finit par m’écœurer à force de tuer des innocents avec la conviction d’un SS en mal de victime !
L’inscription d’office à Belgique Loisirs par ma marraine me fit découvrir avec ravissement la prose jouissive d’Amélie Nothomb qui me laisse toujours cependant un goût de trop peu, l’histoire se terminant souvent là où on pense qu’elle commence mais grâce à elle, j’ai réussi à faire lire à ma fille son premier livre "Le sabotage amoureux" ! Pourtant petite, je lui lisais tous les soirs une histoire, ce goût de la lecture étant manifestement plus inné qu’acquis.

Je ne vous ferai pas toute la liste de mes auteurs préférés, j’ai longtemps suivi chaque nouveauté de Werber dont l’imagination est quand même excessivement originale (j’ai carrément relu la trilogie des fourmis avec le même plaisir), j’ai découvert Pennac***, mêlant talent d’écriture, scénario inattendu, dans un humour délicieusement provocateur.

Ce qui mit quand même un gros frein à ma voracité littéraire furent le mariage et les enfants !
Je dus renoncer petit à petit à ma lecture au lit pour cause de lampe de chevet gênante et quasiment totalement à celle diurne pour des raisons que tout parent comprendra.
Il me restait les bienvenues vacances ayant la chance de pouvoir lire des heures dans n’importe quel moyen de locomotion sans le moindre malaise, celles du type farniente me permettant parfois en plus d’avaler un livre par jour !

Et là, maintenant que j’ai tout mon temps et que je dors seule, où en suis-je ?

Eh bien que dalle ! Une dizaine de livres, reçus, achetés, attendent mon bon vouloir sur ma table de nuit et le double, libres de droit ou achetés, sur ma tablette !

Car internet et surtout Facebook sont passés par là. Plus aucun frein à ma curiosité, un plongeon continu dans des aventures réelles avec pour seul effort un mouvement de l’index.
J’ai commencé certains de ces livres sans les finir, ce qui ne m’est arrivé que trois fois dans ma vie de lectrice assidue !

Je pourrais me consoler en me disant que d’une certaine modeste façon, je suis passée de l’autre côté du miroir avec ce blog mais je pense que j’ai basculé dans la lecture "fast food" .

Et ce n’est pas bien.

Du tout.

Et ça doit changer, pour ma prochaine décennie, assurément !

* Le Club des cinq
** Bibliothèque des Chiroux
*** A lire absolument si vous voulez donner le goût de la lecture à quelqu'un, son essai :  Comme un roman

Une petite recherche m’a fait trouver une écrivaine qui n’en a plus que pour deux jours à être quinqua ! Fred Vargas

Et encore merci à mon professeur Monique Darmoise qui réussit à m’intéresser à la littérature "classique" mais pas que.

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