Semaine S : La der.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

der.jpgLes toutes premières fois on ne s’en rend compte que passés deux, trois ans. Plus tard on les lit sur le carnet de l’ONE ou on les entend de la bouche émue de sa famille, premier sourire, premier mot, première dent, premier pas...

Puis il y a toutes celles qu’on attend vraiment, il y a notre première rentrée scolaire, notre premier frère ou sœur, notre première écriture lisible, important, le premier livre qu’on comprend.

D’une manière générale, pendant l’enfance, il n’y a que pléthore de premières fois agréables si on exclut, chute, bobo, fessée, punition, dentiste et visite médicale, le monde à découvrir tend les bras et les libertés augmentent. Les restrictions handicapantes, des "ders" donc, disparaissent, les derniers lange, petit pot, ou autre chaise haute emprisonnante, mais tu ne t’en rends pas vraiment compte tant ta vie est tournée vers tout ce que tu peux enfin faire.

Il n’y a pas beaucoup de dernières fois catastrophiques, au contraire.

Un jour, on te laisse jouer sans être surveillée, tu peux aller à l’école et rouler à vélo seule, des fois on te demande même ton avis.

A partir de 10 ans, la vie est cool.

Il y a quand même les premières fois de merde comme les tâches ménagères auxquelles tu dois finir par participer, les premiers examens où tu dois vraiment bosser et les règles évidemment douloureuses agrémentées des quelques boutons d’acné certainement créés pour te laisser appréhender tout laisser-aller sentimental.

Arrive le moment du premier baiser.
Bordel, celui-là tu l’as quand même attendu une fois que tes hormones ont enfin assailli ton corps en puberté tardive et enfin débordante.
Le garçon que tu remballais à la mer du nord cet été-là, tu l’aurais volontiers rappelé si tu avais eu son numéro, de téléphone fixe évidemment.
Puis, ça y est, ta participation à la chorale de la paroisse porte ses fruits et le bassiste semble s’intéresser à toi et te raccompagne, et t’embrasse, avec la langue, et tu rentres toute rouge et regarde dans le miroir cette fille qui a enfin un Jules !

Toute médaille a son revers, première der vraiment douloureuse, le premier chagrin d’amour, fin d’une histoire, cette bouche que tu ignorais embrasser pour la dernière fois, cette main qui ne te serrera plus fort, cette acceptation aveugle de tout ce que tu es et à laquelle tu t’étais habituée ainsi que les attentions qui vont avec.

Mais bon, en gros, on est toujours dans la spirale ascendante de tout ce qu’on voudrait faire avant de mourir, jeune si possible, vu la gueule et l’esprit réac des vieux.

La vraie der du moment, qu’on vit avec bonheur, est la dernière session donnant enfin accès au Graal du diplôme, enfin c’est ce qu’on croit puisqu’il faudra se mettre à jour toute sa vie.
On commence même à gagner son premier salaire, prendre son premier avion, à pouvoir vivre seule et à enfin décider de ce qu’on va manger et aussi désuet cela paraît, c’est important.

Il reste encore tellement de premières à vivre.

Le premier mari et unique (on signe pour en principe), le premier enfant, la première maison achetée avec ses petits sous et tous ces week-ends de joyeux bricolages et évidemment toutes ces premières de sa progéniture qu’on revit, en quelque sorte.

Alors arrivent les ders qui se déguisent en première.
Adieu ma peau lisse atteinte de vergetures signe de maternité enviée, ben si !
Adieu ma dent et vive ma première couronne !
Adieu mes petits muscles fermes pour cet aspect épanoui de femme dans la force de l’âge.
Adieu les règles pour une ménopause pleine de premières plutôt désagréables.

Les ders moins drôles s’accumulent néanmoins et tu ne t’en rends pas compte, la dernière fois que tu as joué au tennis par exemple où ton genou t’a clairement dit merde, t’empêchant de courir à jamais.

Oui, comme je l’ai dit dans un précédent billet, il faut positiver.

Et j’ai positivé en me lançant ce défi un peu fou d’écrire un billet par semaine avant d’atteindre la fin de la dernière décennie pas encore tout à fait synonyme de vieillesse, de nos jours enfin, car avant, t’étais vieux à 40 ans.
Non, tout simplement tu as bientôt atteint le troisième âge, oui c’est un fait.
Trop top !
C’est donc bien le dernier billet d’une quinqua presque sexa en décompte hebdomadaire.

J’espère que ça vous a plu, pour moi ce fut un travail plaisant mais bien plus ardu que prévu. Je remercie les 63 abonnés de ma page facebook, surtout les quatre derniers qui m’ont aidée à passer le cap secrètement fixé ainsi que la quinzaine de fans dont les likes fidèles m’ont encouragée quand je me demandais comment encore leur plaire  !

Je ne vais pas m’arrêter, j’ai pris goût à la rédaction et aux compliments mais surtout de pouvoir m’exprimer, aussi je continuerai à vous distraire idéalement en vous interpellant mais à un rythme moins effréné, le tour de mes trois vingtaines racontables ayant ses limites !

Tout n’est pas encore décidé, s’il y aura une fois par mois un billet blanc où elle offrira la libre expression à une femme (si ça vous tente vous êtes bienvenue), Bobonne continuera à bougonner, ronronner, consommer, bouillonner ou se bidonner selon ses humeurs et parfois sous d’autres formes que l’écriture vu ses autres talents qu’elle a modestes !

C’est donc une fausse der en attendant l’ultime, vous savez, celle qu’on ne choisit pas en principe et qui nous emmène vers des aventures inconnues.

#metoo : si ça n’avait pas été le dernier billet de Bobonne quinqua, elle aurait pu vous en raconter des aventures où elle a été confondue avec un objet sexuel potentiel non consentant. Et elle le racontera, quand elle sera sexa.

Cette semaine s’avère fantastique et est pratiquement l’apothéose des néo-sexas que je veux mettre à l’honneur (que les autres ne m’en veuillent pas), c’est carrément la voluptueuse, incorruptible et gourmande Clémentine Célarié accompagnée de la non moins talentueuse, sexy et libre Catherine Ringer, je manque de mots pour clamer mon admiration inconditionnelle pour ces deux personnalités, qui me précèdent de peu dans ce difficile cap.
C’est normal qu’elles soient géniales, elles sont nées en octobre 1957 !