Semaine S-35 : La visite gynécologique.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

gyneco.jpgÂmes sensibles s’abstenir.
Grande angoisse de toute teenager, ma première visite gynécologique fut d’un altruisme total.
Sans petit ami, sans vraie relation sexuelle en vue ni passée, j’accompagnai ma meilleure amie qui jouissait de ces deux caractéristiques, la salope.
On s’aide entre adolescentes mais franchement se taper le planning familial uniquement par amitié, avouez que j’avais du mérite !
J’étais juste décomplexée puisque je pouvais dire : « c’est pas pour moi, c’est pour ma copine » comme quand on justifie en balbutiant les capotes sur le tapis roulant de la caisse ou la demande d’une crème antifongique à la pharmacie !

Un minimum de préparation s’avérait néanmoins nécessaire, rasage sommaire à une époque où la pilosité était encore désirable et sous-vêtements nouveaux, coquetterie bien inutile puisque sitôt l’anamnèse terminée, je fus sommée de me déshabiller sans autre forme de procès ni pudique peignoir fourni, avant une pesée inattendue qui me fit regretter pour toujours mon amicale sollicitude.

En cachette de mes parents, je me retrouvai donc à poil, dans la position que vous imaginez avec comme perspective focalisée une main qui rentre dans un gant et se saisit d’un engin infernal dont tu te demandes comment cette chose à tête de canard va pouvoir s’introduire dans un quelconque orifice humain et le tien en particulier.

D’autant que tu es vierge.

Et en plus c’est froid et il y a une molette pour écarter son bec!

Et ta gynéco, toute sympa qu’elle soit, ne s’en prive pas.

Et là tu maudis le monde entier, le spermatozoïde qui t’a faite femme, le connard qui a décidé que c’étaient les femmes qui enfantaient, toutes les femmes, ta gyneco, ta copine, Ève et cette putain de sainte Vierge qui a pu tirer au flanc, immaculée conception de mes deux (ovaires), et tant qu’on y est tous les hommes à venir pour le plaisir sans risque desquels ton effort du jour ne devrait pas être vain.

Oui, j’ai dit tous, et alors ?

Munie de cette ordonnance censée me préserver sans objet du polichinelle dans le tiroir, je rentrai chez moi avec l’impression d’être écartelée et totalement refroidie à la perspective de toute aventure m’obligeant à revenir faire explorer mon jardin secret par des aliens métalliques sadiques.

Évidemment, la vie, l’amour, et toutes ces choses continuèrent à m’obliger à me soumettre régulièrement à ce viol consentant.
Passons sur les joyeusetés de la gestation, ses nausées, ses pieds gonflés, la toujours angoissante pesée, l’exaltation de l’accouchement avec l’université entière qui visite ce que tu as de plus intime et tous ces menus soucis que sont percement de la poche des eaux, péridurale ratée, épisiotomie ou césarienne et douche vaginale.

C’est si beau l’enfantement.

Et je ne parle même pas de l’excitant passage à la mammographie où tu ne t’imaginais pas, selon ce dont la nature t’a pourvue, que tu avais assez de seins pour qu’ils soient compressibles entre deux lames ou que ta poitrine généreuse puisse se transformer en une crêpe si fine. Le tout la gueule écrasée contre un appareil une fois de plus glacial.

Mais voilà, quand c’est fini il y en a encore et on doit y revenir.
Ad vitam.

Si seulement le grand âge venant, tu pouvais en être quitte et bien non, outre frottis et autres prélèvements et palpations obligatoires, re-pesées qui ne font qu’aggraver ta culpabilité d’avoir addictions et paresses, tu dois continuer à te faire enfiler par un engin que la modernité a doté d’une caméra parfois ultime visiteuse de tes entrailles meurtries. Tu oserais presque dire, une fois pour toutes : "Enlevez-moi tout ça !".

Si tu as de la chance, ce godemiché connecté ne devra jamais inspecter l’autre méat que les mecs, se doivent enfin, revanche égalitaire, se faire visiter, andropause aidant.

Malgré toutes ces avanies dues à l’âge, restons pro-actifs, il ne faut jamais renoncer au "Rhââ ! Lovely !" , comme disait feu Gotlib* !

Petite pensée à une connaissance kinésithérapeute proctologue qui introduit et manipule en tout bien tout honneur thérapeutique, la partie finale du circuit digestif d’une manière que je préfère ne pas imaginer et ne jamais subir !

* Gotlib, ce génie qui a ignoré tous les tabous de ce qui se passe en dessous de la ceinture (et un peu plus haut pour les femmes) avec Reiser bien sûr !
** Vous voulez en apprendre vraiment sur le sujet tout en souriant, n'hésitez pas à visiter le pharmachien ! 
*** Sans oublier l'excellent Professeur Moustache soit l'irrésistible Manon Montaigne dans "Tu mourras moins bête"

Cette semaine découverte d’une néo-sexa, politique belge mais inconnue en ce qui me concerne, Colette Bourgeon, socialiste, j’espère qu’elle n’a rien à se reprocher !

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