Semaine S-29 : L'anglais et moi.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

anglais.jpgSi l’anglais moyen a un physique difficile à la Mr Bean, prince Charles ou Ed Sheeran, l’anglais qui fait fantasmer a plus la tête de Timothy Dalton, Jude Law et évidemment pour toute sexa normalement constituée, Sean Connery bien qu’il puisse être son père.
Mais je ne vais pas parler de cet anglais-là aujourd’hui ...
Non, pas l’anglais moyen dont les dents sont parfaitement conçues pour zozoter le "the" en sirotant le thé, la langue et la gorge assez souples pour avaler les "R" et l’esprit assez open pour inverser le sens logique francophone des mots, isn’t it ?

Non, je veux parler de l’anglais, la langue, et pas celle que d’aucuns auraient titillée in situ dans un échange linguistique bien nommé.

Mes premiers contacts avec l’anglais remontent à la pré-adolescence, mon père ramenait de temps en temps ses patrons américains pour un apéro à domicile ce qui nous mettait au taquet dès  l’annonce de l’arrivée de ces individus joviaux aux pieds immenses, dans la famille on a des petits pieds alors un 44-45 impressionne ! Ma mère prenant des cours du soir et nous, les filles, essayions de bien dire "How do you do ?", "Do you want a drink", "Please" et "Thank you" dans un méritant effort de réunion des cultures. Mais je diverge.

Une langue exogène, j’avais pratiqué dès mes dix ans puisqu’on avait droit à un cours de néerlandais sommaire, les deux dernières années de primaires. Ayant la chance d’aller annuellement à la mer du Nord, je me réjouissais de pouvoir m’exprimer dans la langue de Vodel même pour aller louer un cuistax* ou négocier l’achat d’une fleur en papier crépon contre des coquillages rares entre magasins de plage**.
Parler une langue étrangère me stimulait d’autant plus que c’était manifestement un moyen que les parents avaient trouvé pour nous évincer de la conversation, enfants curieux que nous étions.

A l’entrée en humanités, mon père opta pour moi "anglais seconde langue", décrétant que ce serait bien plus utile que le néerlandais... 
J’étais donc très impatiente de faire connaissance avec la langue de Shakespeare. Les premiers moments, essentiellement écrits furent aisés, apprendre vocabulaire et grammaire était dans mes capacités. Je ne dirai rien sur les verbes irréguliers plutôt faciles à retenir une fois pour toutes avec une semaine d’effort alors que le français te laisse pantois avec ses exceptions à n’en plus finir.

Le vrai problème était l’oral.
Notre école était moderne et au lieu de somnoler en attendant que ça se passe, priant que le sort et le doigt inquisiteur nous épargnent, nous avions régulièrement droit au supplice du labo langues. Casque sur les oreilles, assises dans notre niche acoustique personnelle, nous étaient distillés textes et questions auxquels nous devions répondre, le professeur sélectionnant de manière aléatoire mais régulière notre cabine pour écouter nos compréhension et accent parfaits et ne se privant pas de nous reprendre le cas échéant.
Une épée de Damoclès, un vrai calvaire que je vivais dans le stress n’ayant pas du tout le "don des langues", en tout cas l"oreille", je me suis demandée des années pourquoi, malgré ma motivation, je n’y arrivais pas.

Déjà, l’anglais, ne pratique pas l’absurde que dans l’humour, je n’en veux pour preuve que le son "i", ma bête noire.
En anglais, le E se dit "i", le I "aïe", et l’Y, "aïe", dans l’alphabet ânonné en tout cas mais ce serait trop simple si comme en français, un son restait un son.
Voyez cette phrase toute simple : With my hair in the wind, I like to ride my red bicycle in this tiny city. It’s great and I feel happy.**
Le E s’y prononce e, è ou i, le I, "aïe" mais le plus souvent i, et l’Y, "i" ou "waïe" sans aucune logique apparente pour la plupart des cas .
Allez savoir pourquoi deux mots semblables comme "tiny city" se prononcent différemment ?
L’anglais n’a peur de rien puisque le verbe to read (riid) s’écrit pareil mais se prononce "rèd" au prétérit.
En tout cas mon esprit cartésien a du mal et quand, opiniâtre dans le souci de m’améliorer, j’ai demandé qu’elles étaient les règles, il m’a été répondu qu’il n’y en avait pas, qu’il fallait pratiquer, bonjour pour les nouveaux mots !

Notre professeur avait cependant de temps en temps pitié et le cours où nous traduisîmes "Let it be" après écoute extatique, fut une parenthèse enchantée dans ce dur apprentissage pour lequel mon cerveau à mémoire manifestement principalement visuelle avait beaucoup de mal à dépasser les 50%, score honteux remonté essentiellement grâce à mon étude théorique. Heureusement mon amour pour le groupe Queen me vit, par la suite, beugler avec conviction jouissive "Bohemian rhapsody" et autres succès dans ma chambre ce qui améliora un tantinet mes audition et élocution défaillantes.

C’est avec ce bagage fragile que je partis à la découverte du monde en commençant très fort dans ce test nature par le premier contact de ma vie avec l’anglophonie à l’aéroport de New York, un labyrinthe où il fallait carrément prendre une navette pour aller d’une porte (gate) à l’autre et ne pas espérer qu’un seul américain parle français, quand même un challenge, jusque là, à 22 ans, la destination la plus exotique vécue était la Playa del Sol en voiture avec les parents ou en train avec les copines ! Et l’espagnol c’est quand même plus facile !
Au gré de mes voyages, j’arrivais à m’exprimer et me faire comprendre, mais panique totale pour ce qui était de la réponse qu’on me faisait, les mots inconnus et surtout leur prononciation bien lointaine de l’académique british jetant mon petit cerveau dans le plus grand trouble.
Plus tard une rencontre de vacances me fit remarquer que mon anglais était nettement plus fluently une fois que j’avais bu un verre, ou deux.
Sans doute l’originalité de ce langage nécessite-t-il un lâcher prise total !

J’en suis toujours à peu près là, je vis avec mon handicap comme je peux, paradoxalement, c’est la "connaissance" que j’utilise le plus quotidiennement, internet et clientèle internationale du gîte obligeant.

Mes amis doués et mon homme se moquent mais je m’en fous, je parle en estropiant les mots avec l’accent inverse de Jane Birkin, oubliant de prononcer le S de la troisième personne, succombant plus souvent qu’à mon tour aux tournures caduques et faux amis et essayant de donner aux mots français une tournure anglaise illusoire.

Mais qu’importe, seule compte la communication et tant pis si je parle anglais comme une vache espagnole !

* Cuistax : spécialité belge que le monde gagne à connaître et en lisant Wiki, je m'aperçois qu'il ne serait plus autorisé à le conduire en rue !
** Les magasins de fleurs en papiers crépon : voir ici
*** Lisez cette phrase toute simple :
The head in the wind, I like to ride by bicycle in this tiny city, it is great and I feel happy.
Qui devrait être prononcée : 
Zi hid aï'n zi waïnd, aïe laïke to raïdi bwaï baïcwaïcle  aï'n thaïs taïnnwaï caïtwaï , aï't aï's griit and aïe fiil happwaï 
Eh bien, pas du tout, on doit dire :
Ze hèd in the wind, aïe laïke to raïd baïe baïcicle in zis taïni citi, it is griit and aïe fiil happi.
Bon, je (ji) ris (raï) un peu hein (hèïn) ...
A little rab : Jane Birkin et mickey3D

Ont rejoint le club sexa, l’actrice Elisabeth Bourgine mais aussi Marie-Jane W., prof de math et co-réthoricienne.

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