Saison 4.4 : Bobonne voyage

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

IPCA6993.JPG, sept. 2021Laissant à sa moitié le plaisir de ne plus devoir fermer boîtes, placards et portes sans devoir supporter son ire, Bobonne est partie en vacances en solitaire afin de n’avoir plus que son bordel à ranger mais aussi humer l’air iodé qui lui manquait tant depuis deux ans.
Pass sanitaire sur GSM, tablette et en papier, chargeurs divers, valise bourrée de vêtements dont elle ne portera que le tiers, vélo électrique dans le coffre, Bobonne est confiante même si, prise de prémonition, elle n’a pas retrouvé de carte de France mais qu’importe, le GPS du téléphone suffira.

Première étape, banlieue de Lille, pour la première fois elle y arrive du premier coup !
Beaux après-midi et soirée en compagnie de son amie depuis 45 ans (si, c’est possible, y’en a qui la supportent encore).
Le petit-déjeuner s’annonce plus stressant car son portable refuse tout réseau malgré rallumages et autres actions fébriles.
Truc de ouf, téléphone à la future hôtesse pour prendre un rendez-vous à l’ancienne, capture d’écran du trajet pour sortir de la banlieue et impression mentale du trajet à venir (340 km).
Exfiltration miraculeuse de la banlieue vers la A1 ou E17, direction Paris voire Lyon, va savoir avec les français …
Pas de carte routière à vendre dans les arrêts routiers.
Ça roule, ça a l’air simple, tu passes sur l’ A29 quand tu vois direction Amiens et puis c’est « tout le temps tout droit » direction Rouen puis Le Havre a enregistré son cerveau.
Sauf que non.
De grands panneaux t’annoncent plusieurs km à l’avance l’autoroute fermée exactement là où tu dois bifurquer, on n’aurait pas pu rater le truc vu les barrières en nombre ! Par contre pour la suite, signalisation pratiquement inexistante ; une petite pancarte « déviation » déposée par terre à la bifurcation qui manifestement se perd dans la France profonde, comme abandonnée par mégarde, sans direction « Rouen » d’où loupage de ladite déviation !
30 km plus loin, enfin un arrêt routier où toujours pas de cartes à vendre et la dame me dit : "Ah, depuis une semaine, tout le monde atterrit ici !" Pas non plus de carte murale comme dans les grands relais. En sortant, Bobonne repère quatre dames aux cheveux blancs pique-niquant, prise d’une intuition toute féminine elle leur demande si elles ont une carte.
Bingo, solidarité de sexas !
Une photo de l’antiquité (toute neuve cependant) et demi-tour 10 km plus loin.
Bref, une heure de perdue et stress qui monte plus qu’on avance.
Traversée de l’effrayant pont de Normandie* et dernière angoisse d’avoir raté la bonne sortie finale pour arriver avec le quart d’heure académique de retard !
Mais la vue magnifique sur l’entrée des ports de Trouville et Deauville agrémentée d’une bière bien fraîche chasse les mauvais moments !
Un joli coucher de soleil vient effacer cette journée maussade au propre comme au figuré !

Lundi, courses, achat de quoi faire une plateau de fruits de mer sur la terrasse donnant sur la baie de Touques et jouir de ne rien faire …

Mardi, Bobonne a fait 6 km !
A pied !
Dont 2 km pieds-pieds dans l’eau-l’eau !
Espoir de peeling et balnéo plantaires, le sable, c’est rude !
Évidemment il lui a fallu de la motivation à savoir un bar pas trop loin ni pèdzouille** et terrasse dans le sable.
Personne, musique latino en douce agrémentée du bruit de la marée haute, plein soleil avec léger vent, une bière.

C’est là qu’on sent que le paradis existe, sur terre en tout cas.

On oubliera que Bobonne s’est rendu compte de l’existence de ses cols du fémur, que malgré les bâtons de marche (aucune honte), son dos rouspète de tant d’efforts soudains et bien entendu une petite ampoule malgré ses Birkenstock pourtant faites depuis des mois !
Au loin, un petit point, une congénère, cheveux gris, lunettes solaires et bâtons…
Non, tu n’es pas la seule !
Et tant pis si tu ne fais que du 4 km/h, tu as quand même accompli le trajet de 10 000 pas que ta montre connectée te réclame depuis des mois !

Mercredi, c’est vélo !
C’est donc un peu plus loin, un autre bar les pieds dans le sable, rédaction du billet, un resto, un petit vin d’Ardèche ...
La vie est dure, surtout en septembre quand il y a du soleil !

Jeudi, retour avec GPS, Bobonne ayant réparé son GSM comme une grande fille !

Trop court.

>>> Sinon, je tiens à signaler à l’Europe qu’il n’est plus nécessaire de marquer la frontière entre la Belgique et la France, le changement de revêtement de l’autoroute suffit !

 suspension-bridge-485904.jpg, sept. 2021 * Ce pont, c'est tout juste si Bobonne n'a pas envie de fermer les yeux pendant sa traversée ! Et il y en a deux, se concentrer sur la ligne blanche et son compteur kilométrique !

** Pèdzouye est un mot wallon issu de pète-z-ouye, qui signifie pète-aux-yeux. Ce terme désigne quelqu'un de maniéré, de prétentieux voire une personne hautaine. Contrairement au pèteûs, le pèdzouye n'a aucune raison évidente de se comporter de la sorte. Un aristocrate hautain, c'est un pèteûs, une personne normale hautaine, c'est un pèdzouye. Il faut avoir une conscience sociale aussi affirmée que celle d'un Wallon pour penser à faire un telle différence.

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