Semaine S-44 : Confessions de quinqua retombée en jeunesse !

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

age-tendre.jpgEh oui, j’en suis quasi gênée, le weekend passé je suis allée voir "Age tendre, la tournée des idoles", spectacle de gloires chantantes essentiellement seventies, pour ceux qui l’ignorent. Et pire, c’est la deuxième fois que je m’y compromettais ! A chaque fois ce fut un cadeau altruiste à une amie, beaucoup plus jeune que moi, fan de tout ce qui est ringard, euh vintage...

Pour me motiver, la première fois, j’avais réservé le spectacle à Chalon-sur-Saône, histoire de découvrir plus* que les chansons des vedettes "has been" de mes enfance et adolescence que la bien-pensance élitiste de mon milieu m’interdisait d’apprécier dans leur immense majorité.
Mais à l’époque, on entendait qu’eux !
D’abord sur l’énorme radio à transistors qui faisaient "shouf" quand on en pressait les boutons et dont la chauffe retardait l’audition tant attendue des derniers succès à la mode puis plus tard, achetée chèrement avec mes économies, sur ma radio-cassette portable Panasonic, j’écoutais RTL ou Europe 1 .

Le hit parade d’André Torrent était attendu et suivi avec passion. Tout un sport pour enregistrer les tubes du moment, dès que lui ou Max Meynier (Les routiers sont sympas) avaient fini d’interminablement parler sur l’introduction, et couper avant la pub suivant.

Si enfants, dans le petit salon de mes grands-parents, nous jouions à "il ou elle" mimé, avec pour personnages favoris les yéyés, à l’adolescence j’étais plus sélective et les vedettes populaires n’avaient pas ma cote. Bref, c’est dire si le spectacle précité tenait plus de la gageure, du cadeau désintéressé voire de la curiosité malsaine que du vrai désir !

En même temps, sans doute m’avérai-je à ma place au milieu des permanentées puisque lors de ce premier opus à Chalon, je fis déjà preuve de dégénérescence avancée en ayant emmené les reçus (où le N° des places n’étaient pas inscrits) au lieu des billets laissés dans la commode, heureusement aimablement habitués à un public "distrait", les stewards compréhensifs nous laissèrent entrer une fois les places, évidemment restées vides, repérées ! tete-bois.jpg

La honte.

Nous étions donc bien dans le public ciblé moralement et physiquement ! L’ambiance était électrique, manifestement tout le monde avait quinze ans, éventuellement vingt. Le présentateur, Julien Lepers (je vous jure je ne savais pas qui c’était, jamais regardé questions pour un champion) crolles** et calvitie naissante assumées ou niées, animait l’ensemble avec conviction.

François Valéry, toujours en blondasse platinée épilée, ersatz de Cloclo, continue à prôner qu’on s’aime vivants, ce qui devrait devenir un hymne pour l’ensemble du public présent vu son âge moyen, refrain d’ailleurs repris avec une ferveur toute particulière.

Hervé Vilard, très imprégné et caricaturalement boudiné dans son ridicule costume satiné faisant plus ressortir ses bourrelets que ses muscles nous entraîne cependant à beugler Capri c’est fini, ultime ode à l’amour que chacun ressent comme le temps qui passe dans un plaisir paradoxal.

Julie Pietri et Herbert Léonard sont toujours fous amoureux, elle plâtrée de cosmétiques et lui bellâtre aux facettes dentaires ivoire se rassurant en visitant toutes les rangées de fans pâmées (heureusement le SAMU veille) embrassant les plus fraîches, dans une émulation orgasmique.

Quelques intervenants inconnus ou oubliés plus tard, Tata Yoyo déboule pétaradante, gouaille communicative, gambettes toujours alertes, rythme dans la peau, elle nous réveille du parterre au poulailler, 85 printemps d’énergie et de positivisme réaniment les artères les plus obstruées, et elles sont légion se trémoussant au rythme de la bonne du curé, wé wé wé ! Chaud chaud cacao !

Ensuite, dans une mise en scène grandiose, débarque, la démarche chaloupée, une étonnante Michèle Torr à la voix toujours aussi puissante, mon amie est dans un autre monde et chante de bon coeur, à défaut de justesse, pauvre de moi ! Je garde mon GSM à l’oeil au cas où son pâmoison tournerait mal.

Un moment un peu plus sauvage plus tard et c’est moi qui m’arrache dans les paroles et gestes douteux de la Salsa du démon (horreur-malheur) avant d’accueillir le dernier vieux beau de la soirée. Et là, je craque totalement, les vocalises de Vanina ha ha ha, c’est mon registre !

Je vais faire un tour du côté de chez Swan, je danse maintenant et mon coeur n’est pas du tout malade d’ailleurs ! Dave avec humour, fait se lever la salle entière dans une apothéose finale, pour peu même les paraplégiques esquisseraient un pas de danse.
...

La soirée fut bonne et le cadeau plut, je remis donc ça à Marche-en Famenne. Affiche alléchante, lieu rustique (le WEX, grand hangar froid qui résonne), son fort moyen, mise en scène minimale mais présentateur bien meilleur, Cyril Féraud, blagueur et moqueur en toute sympathie, tout autant inconnu au bataillon que Julien pour moi.

L’entame, un Hugues Haufray vedette incontestable de mes vingt années de veillées scoutes, Stewball met toujours (trop longuement) la larme à l’œil mais notre presque nonagénaire reste dynamique et super pro, hisse et ho, Santiano !

Isabelle Aubret, voix cristalline parfaite mais soporifique, chante de manière grandiloquente ma France (qui au même moment est en train de partir totalement en couille, mais je diverge) et autres succès de son pote Ferrat, également vedette des chansonniers.

Ouïe ! Arrive un gnome sautillant à la blanche chevelure, se moquant de ses prétendues pertes de mémoires, oui, il vit toujours l’octogénaire mûr Marcel bleu blanc blond, le sombrero sur le nez en guiiiiiiiiiiise de parasol, il met le feu ! Aïe, aïe, aïe !

Fin de première partie, elle entre scintillante, la silhouette enviable mais les sourcils remontés jusqu’à la racine des cheveux, eh oui, l’école est finie ! Le déhanché quoique moins vif est là par contre la belle voix chaude a fait place à une raucité qui hélas trahit son âge encore plus que ses liftings ratés, dommage. Sheila attire néanmoins une partie du public devant la scène dans une extase communicative et c’est vrai qu’on s’envole avec le Spacer du medley disco !

Coups d’œil aux voisins, clairement majorité féminine qui semble avoir emmené contrainte sa moitié mâle. Celui de gauche applaudit mollement, celui de droite a les yeux mi-clos, impassible même au baroud d’enfer mené par les Rubettes (Sugar baby looooove!) succèdant Au bonheur des dames qui portent bien leur nom en l’occurrence puisque ce sont elles qu’ils sont en train de rendre marteau !

Le final est consacré à Gérard Lenorman, décevant, par ambition vaine de modernité sans doute, il a transformé certains de succès en une sorte de slam saccadé qui laisse ma copine, pourtant fan, sur sa faim et moi irritée à la prévisible balade des gens heureux que je déteste, mais le public est de bonne composition bien que le spectacle se termine sur une note mineure sans vraiment de rappel contrairement à l’apothéose de Dave il y a trois ans !

C’est dans une ambiance très obéissante et sans doute fatiguée (2H30 de show quand même) que tout ce public discipliné sort calmement pour se retrouver dans la première nuit givrée de cette fin d’automne. La soirée s’est malgré tout avérée un bon mélange de nostalgie et d’amusement pour ma part, puisque je ne serais jamais allée voir une seule de ses vedettes du temps de leur splendeur, sauf une, ceux qui me suivent pourront dire laquelle.

Clairement une nostalgie, un rajeunissement mental à défaut de chirurgical !
J’ai vu mon futur de senior ce samedi, Sheila dit "major", eh oui, mûr on est plus grand !

Il n’empêche que même si j’étais plus jeune que toutes les stars que j’ai eu le plaisir d’applaudir (et de la majorité des spectateurs), je vous conseille ce voyage rétro, le vintage est à la mode en plus !

* Et j'ai découvert le carnaval de Chalon et d'excellents vins !
** Crolles

Je déroge cette semaine et célèbre les 60 ans d’un homme, excellent dessinateur (Germain et nous) et humoriste (Les Snuls entre autres), Frédéric Jannin.

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