Saison 2.29 : Yalla ou Yaka ?

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

deesses.jpgAllah, Dieu et Yahvé veulent être papas, on s’attend bien évidemment à un petit mâle tout à leur image, sauf qu’ Allah n’ose pas dire qu’il aimerait mieux une petite moukère vite pubère pour la marier à son grand-oncle et Jéhovah lui, veut une fille parce que ce sont elles qui transmettent la judéité.

Dieu hésite.

Certes, son humaine désignée pour porter la petite merveille, Marie, est courageuse, déjà qu’elle accepte pour la religion de vivre les 7 croix (on en parlera des siècles plus tard) pour faire plaisir à son Joseph chéri qui lui a avoué sur le tard qu’ils avaient un job super exigeant qui nécessiterait des sacrifices.
Quand Dieu a dû décider du sexe de son fils putatif, il a quand même réfléchi, le Joseph savait bricoler mais Marie pouvait tomber enceinte sans copuler.
Ni être violée.
Ce n’est pas rien.
C’est un plus, voire un miracle.

Cependant, il fallait un homme pour porter les bagages jusqu’à Nazareth, trouver un âne et un boeuf pour souffler le chaud et appeler la sage-femme pendant que sa tendre et chère souffrait mille morts. Tout compte fait, un fils serait plus pratique pour répandre sa bonne parole puisqu’il aurait au minimum une mère reconnue pour s’occuper de lui...
Bon, bref, "pote-pote", ce sera un gamin !
Jésus.

Et qu’il le laisse tranquille pendant une trentaine d’années avant de lui annoncer qu’il devrait transmettre la bonne parole de par le monde.
- Hein ?! De quoi papa ? réplique Jésus, hébété.
- Ben oui, dis bien à tout le monde que je suis ton et leur papa, qu’ils doivent s’aimer les uns les autres comme on s’aime soi-même mais quand même m’adorer par dessus tout !
- Non mais ’Pa, tu rigoles ? T’as vu l’ambiance ici ? Entre les romains et les juifs, ça va pas du tout, les arabes piaffent et les gaulois s’étripent au nom d’une volée de dieux et déesses * par Toutatis !
- Ne sois pas vulgaire mon Jésuchinou !
- N’essaie pas de m’amadouer, tu veux que moi, fils d’un pauvre charpentier, j’aille répandre la bonne nouvelle ?
- Eh bien oui, dit le père.
- Non mais, jamais de la vie !
- Justement question vie, ce sera court, comme personne n’écoutera tes élucubrations ni ne croira vraiment en tes miracles (je t’aiderai sur ce coup-là quand même mais ça va les énerver), Pilate va s’en laver les mains, tu seras crucifié puis je te ressusciterai (t’es mon fils malgré tout), enfin c’est ce qu’on dira et puis on parlera de toi et moi pour des siècles et des siècles, amen. Et un peu de ta mère aussi... quant au cocu, bof bof !
Et Dieu d’expliquer les détails croustillants de la mise à mort rédemptrice.
- Dis ’Pa, les clous dans les mains et les pieds ça ne me semble pas super, le coup de lance dans le buste et sécher bouffé par les charognards, c’est moyen comme perspective, même pour soi-disant sauver le monde en ressuscitant, j’aime pas avoir mal, puisque tu as le pouvoir, change le chromosome...

Et Dieu, dans son infinie sagesse, voyant bien que l’homme était lâche, envoya du XX dans l’innocente vierge.

Et Maria naquit.

Dès le départ elle se montra active pour aider, adorant raboter des planches avec papa et peler des légumes avec maman.
Au lieu de se foutre sur la gueule avec ses copines, avec lesquelles elle persiflait au pire, ou de chercher à savoir si elle avait la plus grosse puisqu’elles n’en avaient pas, généralement elle cherchait un consensus, l’union faisant la force étant clairement un concept porteur. Et puis, la femme mariée, perdant déjà beaucoup de temps avec mari et marmaille, autant en gagner dans les vrais problèmes.

Elle rencontra par hasard les trois filles d’Allah - qui avait finalement opté pour la descendance féminine plus productive et monnayable - Al-Lāt, Manat et Uzza ** qui en avaient marre du foulard et des mariages arrangés, et s’en fit des copines pour la vie dès lors qu’elles s’aperçurent qu’elles avaient les mêmes problèmes domestiques avec leur entourage masculin.
Elles partirent bras dessus, bras dessous et croisèrent une autre sympathique brunette aux charmes mammaires avenants, qui se déclara être la femme de Yahvé.

- Salut les filles, que faites-vous de bon ?
- On parcourt le monde pour délivrer les femmes du joug masculin tout en prônant l’entraide !
- Sans blague ? Vous tombez à pic ! Le Yahvé me gavait grave, je l’ai planté là avec son culte de la personnalité, môssieu veut être le seul dieu, il ne veut pas que je me montre même quand je distribue du pain aux pauvres. Cette histoire d’omnipuissance va mal se terminer, je vous le dis !
- Ne nous en parle pas ! Tous ces dieux vont finir par s’en prendre aux mains par humains interposés !
- Ouais, ça va saigner, je me joins à vous, moi c’est Ashera ***!

Tellement charismatique la petite bande, que bientôt de nombreuses disciples répandirent la nouvelle que les femmes peuvent être autonomes, enjoignant de s’aimer plus que de haïr, d’aider plutôt que d’asservir, et surtout de le montrer plutôt que de l’exiger, qu’on y gagnait toujours.

Allah, Dieu et Yahvé n’en menaient pas large, plus personne ne les écoutait, trop ringards et improductifs.

Comme les femmes sont souvent le pilier du ménage, petit à petit elles éduquèrent leurs fils dans le respect de la femme et de tous pour arriver à une société égalitaire.

Pendant ce temps, nos déesses s’ennuyaient un peu, le job se faisait tout seul à force de douceur persuasive !
Mais il fallait quand même veiller au grain, que la bonne parole reste bien comprise et ne soit pas déformée au fil des siècles comme souvent avec les dissidents qui ne firent pas long feu avec leurs messages souvent guerriers.
Elles décidèrent donc d’écrire un livre appelé « Méthode pour rester unis ».
Elles prenaient leur décisions à cinq ce qui laissait toujours une majorité se dégager.
Quand il fut fini, elles le signèrent « Les cinq sages » ce qui en plus évitait la contrainte de l’écriture inclusive.

De dieux, il ne fut plus question et la paix régna enfin sur le monde !

Les déesses surent qu’elles avaient bien fait.

On peut toujours rêver non ?

* Les dieux gaulois
** Les filles d'Allah
*** Ashera, l'épouse consort de Yahvé

Merci à Maggy Herzet qui anime la page Les athées laïques unis contre les racismes et qui hier avec cette déclaration : "Si nous voulions créer une religion de meufs, que proposeriez-vous ?" m’a induit ce premier billet de fiction pour lequel j’ai créé une nouvelle catégorie "Bobonne fictionne", en espérant que ça vous plaise.

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