Saison 2.15 : Une journée ordinaire

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

versus-apple6.jpgJe me lève et je ne bouscule personne.
Je pars à tâtons à la recherche de mon G, c’est comme ça qu’on appelle un téléphone portable en Wallonie -ne vous méprenez pas- afin de voir si l’effet de mon somnifère (attention à l’addiction combien reposante pourtant) a pris fin à une heure raisonnable.

Malgré les ondes nocives et la potentialité d’une combustion spontanée dudit appareil, Bobonne a passé sa nuit, six heures de sommeil continu, c’est satisfaisant mais peut mieux faire (un mauvais sommeil étant gage d’une impressionnante liste d’effets secondaires si on en croit la médecine).

J’endosse le peignoir élimé qui connut son heure de gloire mais dans lequel je me sens si bien ! Sortir et nourrir chien et chat avec des croquettes pas recommandées par l’ensemble du corps vétérinaire et enfin prendre le petit déjeuner.

Pas de Nutella, on ne peut pas, ça tue les orangs-outans et rend agressif en outre-Quiévrain ! Il restera donc là pour les mâles de la famille qui s’en tartinent un centimètre haut sans vergogne ni prise de poids sur du pain "glutenisé", rien que le mot dégoûte ! Pourtant un bon pain "huit céréales" aromatisé au malt, quel délice !
La confiture même maison est trop sucrée et le beurre trop gras.
Pas de charcuterie gage d’obésité, le fromage à la limite, tant qu’on peut encore.

J’opte pour un œuf à la coque de la ferme d’à côté en espérant que le fermier n’utilise pas de fipronil aux alentours de son poulailler où les cocottes s’ébattent avec beaucoup d’enthousiasme dans un enclos bien vert. J’y mets une pincée de sel, pas bien ! Je parie que je dépasse la dose admissible journalière pour mon pauvre cœur.
Deux tasses de thé en sachet, il paraît qu’ils sont composés de déchets de feuilles, un sucre mi-light (à défaut de pouvoir choisir, j’opte pour la peste ET le choléra), "vade retro édulcorant", j’affronte vaillamment le cancer potentiel !

Pendant la matinée, je m’irradie copieusement à l’insu de mon plein gré aux ondes WIFI, me bousille les yeux et le cerveau de la lumière bleutée de mon PC tout en malmenant dos et épaule grâce à la souris.

Midi.

On va préparer le dîner, enfin, je.
Alors quoi choisir ?
Risquer de devenir folle avec du bœuf, de toutes façons ces pauvres bêtes sont rarement goûteuses sauf les persillées japonaises de Kobe* ?
Des agneaux si bons mais trop mignons ?**
Des cochons paraît-il plus intelligents que les chiens ?***
Des gallinacés atteints de peste aviaire ?
Des poissons agrémentés de mercure et de plomb ?
Des crevettes issues d’élevages intensifs lointains ?

Bon, des légumes alors.
Locaux et de saison.
Donc l’hiver, tu manges du chou, des alliacées et des racines essentiellement et si possible Bio et là avec un peu de recherche, tu t’aperçois que les exigences sont loin d’être universelles et que les grandes surfaces abusent du logo.
Finalement tu prépares un petit frichti mixte saucé de tomates de serres sans goût (et que c’est pas bien du tout) avec des pâtes qui font grossir ou du riz à l’arsenic, je vous jure !**** Un peu d’huile, d’olive évidemment, que tu espères pas frelatée, des épices si possible ni mélangées de résidus divers ni, évidemment, périmées.
Eh non, pas de tofu, c’est dégueulasse, haro sur les nutrialiments non naturels amalgamés ! L’équivalent du béton dans la construction par exemple. sous prétexte de mieux ?

Miam !

Comme un goût de trop peu.

Après une petite sieste de 20 minutes, pas plus, il faut recharger le frigo, le premier magasin, surtout bio-local, étant à des kilomètres de ton trou perdu (je parle bien du village), et ta rotule refusant de coulisser (je parle bien de l’os), voiture.

Diesel.

Avant, c’était bien le diesel, maintenant c’est caca, si ma voiture ne meurt pas d’obsolescence programmée, elle ne pourra bientôt plus aller nulle part.

Sur le chemin, de jolies toitures se sont fait défigurer par des assemblages improbables de panneaux photovoltaïques (exonération de permis de bêtir bâtir)*****, en plus les pauvres proprios s’ils ne se sont pas fait baiser par leur installateur, se sont fait arnaquer par des promesses officielles non tenues.

Passons.

Le caddie se remplit, tu n’as pas le courage de faire des tas de chapelles, tu entasses ce qui paraît le moins nuisible à ta santé.

Heure du goûter, un fruit, en hiver, une pomme ou une poire, la tarte au riz risque de n’être bientôt plus permise sans frigo.
Je me régale.

Quelques heures d’irradiations diverses plus tard (genre le radon dans la maison), c’est enfin l’heure de l’apéro.

Là, pas d’hésitation, l’alcool tue et rien n’est bon, ce sera un cola, ha ha !
Ne rêvons pas.
De l’eau avec deux feuilles de menthe, sans sucre.

Slurp !

Vous prendrez bien encore un peu de légumes ?

Mais oui, j’exulte ! Une bonne souplette avec les délicieux restes de midi et une tartine de fromage.
Attention !
Pas au lait cru ! Et pas fermenté, l’AFSCA veille.
Bref, il te reste la boule batave.

Ne pensons ni à un dessert ni à un pousse-café, déjà le café c’est mauvais pour la santé, alors le pousse ...

Et tu vas au lit après un bon livre car la TV ça brûle les neurones.

Merde ! T’as oublié de faire ta demi-heure de sport, trop occupée que tu étais à faire tout bien.

As-tu encore envie de vivre ?

Et là, tu te réveilles, tu ne bouscules toujours personne mais tu as fait un mauvais rêve où tu ne pouvais plus rien manger et où ton univers était plein de dangers.

Ouf !

Mais non, il vaut mieux mourir comblé que frustré tout en restant informé.

* Steak de Kobe
** L'horreur des abattoirs, spéciale agneaux , je n'ai pas pu visionner jusqu'au bout.
*** Nos amis les cochons
**** On en apprend tous les jours ! Le riz n'est pas bon non plus.
***** Panneaux photovoltaïques, qu'en penser ?

Que dire de plus ? J’ai tellement d’amis convaincus et motivés de croire à la perfection. Comme si au paléolithique, c’était mieux !

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