Semaine S-7 : Spécial mode

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

mode.jpgAussi loin que je m’en souvienne, la mode ne m’a jamais intéressée, évidemment je l’ai suivie à mon corps quasi défendant, des pattes d’ef’ aux corsages tapisserie en passant par les épaulettes, de l’orange au jaune puis le rouge, le court, le long, le trois-quarts, jusqu’à ce que l’influence se soit calmée depuis que la mode populaire prend des voies diverses et parallèles ou alors, je m’en fous définitivement.

Les magazines uniquement "féminins" m’affligent, surtout quand il n’y a que ça dans les salles d’attente, donc je n’en feuillette que quand je suis obligée. Ce qui m’énerve encore plus c’est quand les journaux classiques se croient obligés d’éditer un supplément spécial gonzesses.
Et c’était le cas ce weekend.
Sur la couverture, en robe lamée sous une doudoune au milieu de feuilles bien vertes et estivales, elle ouvre la veste pour m’inciter à ouvrir la revue.
Je me laisse tenter, c’est samedi je suis relax et je sirote mon thé.

Page 8, j’ai peur, sur la double page s’avancent résolument six femelles, l’œil aussi expressif qu’un koi dans l’aquarium d’un restaurant chinois, devant avoir des problèmes dentaires les empêchant de sourire et tristement blafardes, sauf les deux métisses remplaçant sans doute les classiques blondes étrangement totalement absentes. Si Les brunes ne comptent vraiment plus pour des prunes, les blondes valsent donc à la bonde ?
Etonnamment, je m’imagine quasi porter trois des tenues proposées, après larges retouches, mais une quatrième, portée par une femme dont les biceps sont aussi larges que ses poignets me rendrait parfaitement ridicule dans un style mixte de Catwoman pour la combinaison et le regard mortel de Morticia Addams*.

Là où je commence à m’esclaffer, c’est quand je vois la seule rousse qui manifestement, venant d’effectuer un atterrissage forcé, a tant bien que mal rassemblé son parachute d’un viril kaki militaire doublé d’un joli orange vintage autour d’un corps que j’imagine filiforme tandis que la black est transformée des pieds au cou en goupillon blanc moucheté appelé "douces plumes" !

Je survole quelques nanas qui contrairement à moi, n’ont toujours pas l’air de vouloir rigoler, il faut dire qu’on m’affublerait de chiffons pareils, je tirerais la gueule !
Ce genre impersonnel laisse d’ailleurs penser qu’elles ont le cerveau aussi étroit que leur taille d’anorexique !
Un peu plus loin, je m’aperçois que j’ai dans ma garde-robe un training flashy années 90 turquoise fuchsia qui surmonté d’un vieux polard rouge de l’homme me mettra au pinacle de la "fashion in the wind", opprobe assurée auprès de mes amies plus branchées bien qu’elles soient habituées de mon je-m’en-foutisme vestimentaire !

Au détour d’un autre page, waw, le choc, elle esquisse un sourire et n’a pas les joues creuses ! Puis je remarque des chevilles un peu épaisses, les femmes sont cruelles et j’en suis définitivement une !
Clairement des tenues mettables et une jolie épaule confortable sans qu’on puisse différencier omoplate et clavicule osseuse.
Bizarre.
Je me mets carrément à lire l’abondante littérature descriptive (oui c’est ironique).
Il s’agit de "L’automne en dix pièces fortes".
Subtile message subliminal, plus loin une robe chemisier en rayures verticales "pour allonger la silhouette", Obélix l’a toujours dit, en vis-à-vis "une pièce forte (décidément, manque de vocabulaire) pour rehausser n’importe quelle silhouette basique", les petites grosses aussi alors ? Il s’agit d’un joli manteau asymétrique, il est vrai.
Plus loin "un pull joue sur les volumes", je vous laisse imaginer lesquels...
Un blazer à épaulettes 90’, chouette, j’en ai encore, une robe confortable et puis en final le texte qui tue : cette (très) belle fille qui respire la santé porte un 42 !**
Horreur, malheur !
Surtout qu’à vue de nez elle a bien la taille mannequin en hauteur et frôle le 1m80, alors franchement elle est seulement bien proportionnée !
Mais attention, hein, c’est pas facile pour la styliste et le maquilleur, ils en ont bavé pour rendre sexy une forte pièce (agrandir l’image qui sert de lettrine) !

Et voilà, la presse destinée à la femme se met doucettement à l’heure du réalisme pondéral mais avec encore beaucoup d’a priori et de justifications ridicules.
Mais pas encore d’ola pour les petites boulottes ! Confortables mais grandes quand même sont les muses actuelles, le petit pot n’est pas prêt d’avoir la cote !
En ce qui me concerne, moi le hors standard, c’est Google et Facebook qui me traquent et me proposent des achats qui me correspondent, j’avoue, c’est souvent bien ciblé pour l’aspect, sauf que les tailles ce n’est généralement pas ça !

Mais quel plaisir de ne pas faire les magasins !

* La famille Addams pour ceux qui ne connaissent pas
** Bon ça bouge : Mannequins grandes tailles

Cette semaine, la néo-sexa à l’honneur est la pétulante Marie-France R., co-rhétoricienne et kinésithérapeute spécialisée dans le recouvrement de la tonicité de nos sphincters, apparemment nécessaire à partir d’un certain âge ou état physique que j’espère ne jamais atteindre ! J’imagine que sa faconde naturelle relaxe stress aussi bien que méats de sa patientelle !