Semaine S-42 : Quand Noël m'est conté.

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

noel.JPGJ’y ai pensé mais je ne vous parlerai pas des Noël de mon enfance qui étaient, un grand événement religieux mais beaucoup moins commercial qu’aujourd’hui me semble-t-il.

Quel intérêt ?

Certes ...

Certes, impatiemment attendu était le moment de déplier le minuscule sapin synthétique (ma mère pragmatique et n’aimant guère le nettoyage avait vite abandonné le naturel), le parer de boules qui n’en étaient pas toutes car il y avait un petit chalet, diverses figurines, des petits oiseaux, des cheveux d’ange et avec précaution, sur la pointe des pieds, couronner la pointe de la splendide flèche scintillante, coiffe finale.
Certes, était excitant de déballer les personnages (chers et rares, nous répétait-on pour prévenir une maladresse) protégés de papier de riz, déposer la paille dans la crèche faite maison et n’y ajouter le petit Jésus qu’après minuit.
Certes, exaltante était la soirée assez cérémonieuse avec un menu immuable, huîtres, râble de lièvre et bûche dégustés avant de pouvoir ouvrir un petit cadeau symbolique, avant la mode de l’abondance, après tout saint Nicolas avait précédé père Noël avec faste et prodigalité.

Je ne vous parlerai pas du premier Noël imprimé dans ma mémoire (je devais avoir 5 ans), chez mon oncle caserné en Allemagne qui avait invité large et où je découvris la clinquante tradition germanique en la matière en compagnie de plein de cousins, émerveillée. Des décorations du sol au plafond, guirlandes lumineuses et garnitures de table en rouge et vert, un vrai sapin immense avec des dizaines de cadeaux qui nous attendaient après la messe de minuit, calvaire obligé mais néanmoins spectacle impressionnant.

Mais je ne vous parlerai pas plus de la messe de Noël la plus mémorable de ma vie.
Au milieu de mon tour du monde, accueillie par des amis belges à Kinshasa, j’eus le plaisir d’y assister à St Alphonse Matété où dans une ambiance pleine de ferveur, tout le monde, y compris les officiants, dansaient au son des tam-tam et guitares ! L’atmosphère, parfait mélange de dévotion et joie, naissance du Christ obligeant, était phénoménale pour moi plus habituée à l’austère rituel européen.

Non, aujourd’hui, je vous parlerai de ces "films de Noël".
Pendant un mois il est difficile pour une accro de la TV d’échapper à plusieurs films de ce sous-genre dont nous avons été abreuvés par certaines chaînes, sauf la RTBF préférant nous gaver de vieux Julie Lescaut indigestes !

Ces films sont essentiellement américains et canadiens anglophones dont la fin ne peut être qu’ happy, dégoulinante d’amour sous l’oeil d’un père Noël satisfait d’avoir induit la résolution du problème. Les scénarios tournent tous autour des mêmes idées, j’en distinguerais trois grands types :

1) Le plus courant, extrapolation de "A Christmas Carol" de Charles Dickens, variation de l’histoire où l’égocentrique et radin Mr Scrooge est projeté en voyeur de la vie assez miséreuse de son entourage qu’il maltraite et devient prodigue à la fin de son voyage initiatique à la bonté.
Le héros au choix (multiple autorisé) est égoïste, ne pense qu’à son travail, néglige sa famille (crime aux USA), ne voit pas l’amour qui lui tend les bras aveuglé par l’appât du gain, etc.
On sent bien que la féerie de Noël ne l’atteint pas, en fait plus, ayant oublié qu’il a été en son temps un enfant gâté par le Père Noël (petit passage ému sur les jouets simples d’antan).
Arrive le miracle, sous la forme d’une rencontre avec une étoile plus brillante, une vieille dame originale, un homme débonnaire en calèche, ou d’une chute sur la neige (élément indispensable), notre héros se réveille dans son futur.
Là, il se rend généralement compte que s’il a "réussi" sa vie professionnelle, la familiale est inexistante (sacrilège aux USA), qu’il a laissé passé l’amour de sa vie qui lui est heureux entouré d’une moitié épanouie et gentils bambins (obligatoire aux USA).

En variante, c’est lui la moitié heureuse dans la projection s’il avait fait le bon choix, privilégier amour et famille (important aux USA) dans le passé (donc le présent du film si vous suivez), qui découvre la beauté de la « famille » passeport inéluctable vers le bonheur. Et qu’on renoue avec les us oubliés, l’achat du sapin, la confection de divers biscuits avec ses enfants qui sont si mignons et défilent tous les clichés dont aucun américain normalement constitué ne pourrait se passer. C’est là qu’on nous confirme qu’ils sont de grands enfants, bois de rennes en serre-tête et pulls improbables fièrement arborés.

La tendance actuelle étant quand même que le héros soit une héroïne, assez récente volonté hollywoodienne d’anti-sexisme aidant, ce n’en est cependant que plus incroyable qu’elle préfère une carrière au bonheur incommensurable (aux USA) de torcher des moutards et s’il n’y a pas (encore) d’enfant, à la jouissance d’un beau mariage (vous savez, celui sous des tonnelles avec une belle pièce montée et je ne parle pas des bijoux de monsieur).

Vous l’aurez compris, le héros regrette ses choix passés, et miracle à l’envers, la magie le ramène dans le présent du film, où il envoie péter son chef ou ses dossiers urgents, se dit que la vraie vie c’est une famille (capital aux USA) et tombe entre sapin et bûche dans les bras de son amoureux.

Happy end sur "Let it snow " !

2) Les mêmes intentions que le type précédent mais sans effets paranormaux.
Là, les individus font face à des problèmes plus domestiques dans cet avent qui foire, rater l’avion, pas assez d’argent, suite burlesque d’emmerdements, sapin renversé par le chat, dinde cramée, décorations qui prennent feu, des quiproquos et un ou deux méchants que les héros vont maîtriser grâce à la solidarité des amis et l’union familiale (immanquable aux USA). Tout ce beau monde retrouvera la sérénité dans le repas enfin concrétisé dans un living dégoulinant de décorations plus kitsch les unes que les autres. Tout se terminera dans une ode à l’Amérique bien pensante et unie, exempte de salopards genre Donald et sa trumpe de millionnaires qui finissent par regretter leurs méchanceté et égoïsme car l’argent ne fait pas le bonheur, c’est l’amour qui compte.

Happy end sur "We wish a merry Christmas" !

3) Le Père Noël, les elfes, les rennes et la fabrique de jouets dans le grand nord (américain ou canadien, pas sûr qu’ils connaissent l’origine finlandaise de la smala) EXISTENT !
Et ils ont un gros problème. Ho, ho, ho !
Ils ne seront pas prêts, une machine est cassée, le Père Noël est malade, etc.
Mais la famille (tout le monde doit avoir une famille aux USA) du Père Noël EXISTE malgré les conflits temporels (puisqu’il est immortel) !

Dernièrement, sa fille, une pimbêche arriviste, femme d’affaire impitoyable en bouderie avec sa famille (bouh, pas bien aux USA) se carapate au pays des Inuits pour filer un coup de main à sa manière HEC à papa souffrant qui résiste à la modernité. Quelques péripéties plus tard, elle se rend compte que les coutumes c’est bien, que son prétendant officiel a les dents trop longues alors que son amour de jeunesse est trop chouette avec ses pulls et bonnet de noël improbables et son air sainement énamouré.

Happy end, et ils vont livrer la terre entière serrés collés dans le traîneau sur "Jingle Bells" !

Le plus original que j’ai vu sur le mois : il y a de l’eau dans le gaz dans le couple et la femme du Père Noël qui en a marre de son manque d’attention se casse à Las Vegas en se transformant en bombe sexuelle poursuivie par son mari, rajeuni mais toujours un peu pataud. La belle s’amuse beaucoup, ne se laisse pas faire mais, ouf, quelques aventures plus tard, papa Noël l’a re-séduite à temps pour faire sa livraison annuelle de jouets, en sa compagnie bien sûr.

Happy end, and "That it is Christmas" !

Bon, je ne suis pas meilleure à regarder ces conneries et finalement, ces films ont un point commun, peu de bagarres, jamais de meurtres ou assassinat, bref, pas de morts.

Les morts, c’est dans la vraie vie qu’il y en a, même le jour de Noël et cette fois c’est au tour de George Michael de vivre son "Last Chrismas", ma chanson de Noël préférée (pour du vrai), et auquel je rends hommage, lui n’atteindra pas 60 ans.

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