Semaine S-2 : Mon ardente !

Réflexions humoristiques d'une sexa.

Billet

IMG_20171004_0001.jpgLongtemps j’ai été persuadée que tu étais la plus belle au monde, toujours gaie, bien mise, on ne s’ennuyait jamais en ta compagnie. Dès que j’en ai eu le droit, d’un pas vif et presque haletante, je pus découvrir un de tes jardins avant d’autres recoins.

A cette époque, dès huit ans, on laissait les enfants aller à l’école à pied, permission également avantageuse pour la santé et le sentiment de liberté .

La saison que je préférais pour traverser le Jardin Botanique était l’automne, certes c’était la rentrée, mais on pouvait shooter dans les tas de feuilles semblant exposer avec fierté leur camaïeu de rouges, dans un froufroutement amusant et en ramasser quelques unes pour l’inévitable premier dessin de l’année.

Comme un chat qui explore son nouveau domaine, je pus découvrir ma ville en cercles semi-concentriques progressifs, ceux vers le centre via la, alors célèbre, rue Saint-Gilles précédemment évoquée, les autres exigeant une sérieuse grimpette vers Burenville ou le plateau de Cointe plus déserts.
IMG_20171004_0005.jpgGrouillante d’activités, vraie grande surface avant l’heure tant y étaient représentés presque tous les "rayons", de bouche particulièrement mais vêtements, chaussures et vraie droguerie ayant pignon sur rue, elle me menait en douceur gravitationnelle vers un quartier nettement plus passionnant.
Au delà du boulevard d’Avroy, ancien lit de la Meuse, débutaient les choses sérieuses, sur la gauche, le Carré, entrelacs de ruelles et lieu de libations indicibles de jour comme de nuit et donc que je ne découvris que plus tard.
En face, le "Pont d’Avroy" menant vers la Cathédrale Saint-Paul* et sa place, centre névralgique et lieu de rendez-vous incontournable dans la période pré-SMSique, la vierge Del Cour**, comme éventuellement son autre œuvre, notre célèbre Perron symbole des libertés principautaires, étant notre phare avec au pied des arcs gothiques de la Cathédrale, des désormais disparues cabines téléphoniques nous sauvaient pour rassurer en cas de retard et un peu cachées derrière le choeur, des pissotières publiques malodorantes mais bien utiles.

IMG_20171004_0006.jpgAu fur et à mesure de mon âge et de mes moyens de locomotion, pieds, vélo, mobylette, j’explorai chaque rue, chaque place, ton architecture bien conservée et les quais de cette richesse hydrographique de ton bassin que sont les Meuse et Ourthe sans oublier feue La Légia*** transformée en égout ! Le quartier Hors-Château avec ses impasses et son escalier, un des plus grands du monde, escaladant la Montagne de Bueren, le quartier de la République libre d’Outremeuse et ses ruelles étroites, je finis par tout découvrir.
Bon, j’avoue, au bout d’un moment, ce qui m’intéressait surtout, c’était l’ambiance, car si tu descends dans le centre et que tu t’assieds sur le muret du jardin entourant ladite place, il ne faut pas longtemps pour croiser une tête connue et une occasion de djôser****, matter, rire à gorge déployée et presque fatalement terminer sur une terrasse à observer et éventuellement agrandir la tablée, un verre à la main bien sûr !
Les liégeois ne sont pas discrets mais fort sympathiques au point qu’ils se reconnaissent illico extra muros sans trop de mots ... et sympathisent !

L’ambiance est vite là, des fêtes du 15 août en Outremeuse, la Saint-Nicolas des étudiants, la foire d’octobre sur le boulevard au village Gaulois en passant par le marché de Noêl et l’activité dominicale comme la Batte, le liégeois n’en rate pas une pour guindailler !

Sauf que.

IMG_20171004_0002.jpgIl y a une demi-vie, j’ai émigré à la campagne, sans passer par la case camp de réfugiés, dans la province de Liège quand même mais à 40 km et c’est long.
Si pendant quelques années ma ville me manquait au point d’y faire un passage hebdomadaire que ce soit pour verre(s) avec copines, un pseudo shopping et des aventures culturelles ou plus souvent festives, c’est devenu long et cher ...
Oui, je m’adresse à vous responsables communaux, si déjà je me tape trois quarts d’heure pour me baigner dans l’ambiance de la femme de ma vie, j’aime déjà moins devoir obligatoirement payer ce plaisir.
Ma mère rechignait à faire un kilomètre à pied au profit du confort de sa Simca 1000 et voitures suivantes, tournant opiniâtrement pour trouver une place gratuite plus ou moins légale quand déjà ces horribles et dangereux, quand on était en pleine discussion pédestre, horodateurs nous faisaient raquer la joie de te fouler mais maintenant il est impossible de trouver une place gratuite ou alors elle est réservée au riverains, donc une sortie à Liège c’est presque d’office 14 € de parking.

Ma ville, n’est pas une pute.

IMG_20171004_0003.jpgEt pourtant je l’abandonne, plus aucune envie de tourner et payer des sommes folles pour me garer. Si encore des parkings périphériques et des navettes pas trop chères étaient prévues, peut-être que celle fluviale va pallier à ce gros problème qui tue la vie et les commerçants des villes ? Ma pétillante rue Saint-Gilles ne ressemble plus à rien, un commerce sur deux est fermé, les autres rues prennent le même chemin vidées de chalands au profit de grands ensembles périphériques.
Paradoxalement, comme tu t’es modernisée et embellie grâce au musée de La Boverie rénové, la nouvelle gare des Guillemins, la nouvelle passerelle "La belle liégeoise" et la tour des finances en paquebot majestueux, je ne désespère pas de flirter à nouveau avec ma maîtresse personnelle en toute facilité.

Toi, ma ville, ma cité ardente, je te retrouverai !

* Visite de la cathédrale 
** Le sculpteur Jean Del Cour 
*** Histoire de la Légia 
**** Djôser : "parler" en wallon
Pour tout savoir ou presque sur la cité ardente Histoires de Liège 
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Voici une vidéo d'une nouvelle chanson "Dessinez Liège" composée et chantée par Blue In illustrée pas les magnifiques dessins de Gérard Michel , recopiez le lien dans votre Facebook (il n'existe pas d'autre lien hélas) : https://www.facebook.com/BluelnMusic/videos/713202988877696/

Cette semaine, c’est de nouveau une actrice peu connue qui a rejoint les sexagénaires : Fran Drescher