29/12/2017
Saison 2.10 : Les cartes de Bonne Année
C’était avant tout un privilège de pouvoir y apposer ne fut-ce que sa signature. Je suis persuadée que j’ai pu y griffonner des "craboudjas"* bien avant que je sache écrire les huit lettres de mon prénom en majuscules tellenment j’aimais faire comme les grands.
Tout ce cérémonial me fascinait, sur la table de la salle à manger bien dégagée, outre son meilleur stylo dont l’encre pompée dégageait ce parfum minéral si particulier, on sortait des cartes plus jolies les unes que les autres, avec de la neige, des personnages heureux, des dorures et toutes ces choses kitsches qu’une enfant normalement constituée adorait mais en plus, selon l’importance du destinataire, on pouvait envelopper précautionneusement le double carton parfois lui-même garni d’intercalaire en papier calque translucide pour ceux qu’on n’appelait pas encore les VIP, c’est-à-dire les "patrons américains de mon père".