décembre 2017

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29/12/2017

Saison 2.10 : Les cartes de Bonne Année

bonne-annee.jpgC’était avant tout un privilège de pouvoir y apposer ne fut-ce que sa signature. Je suis persuadée que j’ai pu y griffonner des "craboudjas"* bien avant que je sache écrire les huit lettres de mon prénom en majuscules tellenment j’aimais faire comme les grands.
Tout ce cérémonial me fascinait, sur la table de la salle à manger bien dégagée, outre son meilleur stylo dont l’encre pompée dégageait ce parfum minéral si particulier, on sortait des cartes plus jolies les unes que les autres, avec de la neige, des personnages heureux, des dorures et toutes ces choses kitsches qu’une enfant normalement constituée adorait mais en plus, selon l’importance du destinataire, on pouvait envelopper précautionneusement le double carton parfois lui-même garni d’intercalaire en papier calque translucide pour ceux qu’on n’appelait pas encore les VIP, c’est-à-dire les "patrons américains de mon père".

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24/12/2017

Saison 2.9 : Petit Papa Noël

bobonne-patricia.jpgJe t’écris parce que ma petite cousine, enfin, elle est n’est plus si « petite » que ça, elle a même une paire d’années d’avance sur moi… Je disais donc que Brigitte, oui, elle s’appelle Brigitte, me laisse « carte blanche » sur sa page Bobonne Bougonne, avec comme seule consigne de me raconter en deux A4, si possible avec humour...
Mais, lui dis-je, je ne suis pas encore sexa et plus trop sexy d’ailleurs ! Pas grave, me répond-t-elle, tant que t’es drôle. Je m’en vais donc te narrer, Petit père, deux ou trois anecdotes de ma vie d’archéo-quinqua, bientôt néo-sexagénaire.
D’abord, ’faut que je te raconte, PPN - oui, Noël, je vais t’appeler comme cela, c’est plus simple - comment j’ai retrouvé Brigitte… Mais je parie que tu as deviné puisqu’apparemment tu sais tout !
Donc, tu sais aussi que nos grand-mères étaient sœurs ?
 … et tu te dis : « Normal ! »
Sauf que nos grand-pères étaient…
… mais non, pas sœurs, PPN, frères, PPN, frères !

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17/12/2017

Saison 2.8 : La crève

thermometre.jpgOn devait le secouer sans le casser pour s’assurer que le mercure redescende bien sous le fatidique nombre 37. Même si une petite montée de fièvre pouvait paraître très intéressante pour l’attention que tu allais susciter, à l’âge où tu n’as guère le pouvoir sur ce qu’on fait de ton corps, la pose du thermomètre, que tu n’es pas encore censée pouvoir garder sous l’aisselle, était somme toute excessivement désagréable. D’autant que la lune à l’air, l’engin fiché dans le fondement à la merci, au mieux, du moindre pet ne me semble rétrospectivement pas une technique énormément plus fiable.
Éventuellement, un peu plus âgée, tu pouvais le tenir sous la langue mais étant donné les potentialités de son usage précédent, le dessous de bras restait l’option la plus convaincante.

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09/12/2017

Saison 2.7 : Sus au harcèlement textuel !

kroll-2.jpgA l’heure où les accusations de harcèlement sexuel pleuvent comme vache qui pisse et où il est devenu tendance de « balancer son porc » (expression très classe dont on s’étonne qu’elle n’ait pas encore fait réagir Brigitte Bardot…) à tel point que le noyau dur (n’y voyez aucune image particulière Mesdames) d’hommes galants qu’il nous reste, hésite désormais à nous céder le passage – car cet acte autrefois tant appelé de nos vœux risquerait aujourd’hui d’être interprété comme le préalable nécessaire à la paluche aux fesses -, d’autres agissements à répétition commencent à agacer au plus haut point la bobonne bougonne que je suis fraîchement devenue.

Oui, moi, amoureuse inconditionnelle de notre belle langue de Molière, je n’en peux plus de ce véritable harcèlement textuel qu’on nous fait subir, hommes et femmes confondus.
Tout a commencé lorsque certains, en mal de pédanterie, ont un matin été subitement victimes d’une illumination suprême : il s’imposait d’urgence de valoriser certains métiers en redorant leur dénomination…

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04/12/2017

Saison 2.6 : Noir ... noir ?

noir.jpgNotre deuxième roi, Léopold II, colonial éclairé devenu habilement chef officiel du Congo avant de le léguer à l’État belge, a joyeusement spolié ses richesses aidé par l’Église qui grâce à de pieux missionnaires ne faisait pas mieux en aliénant les esprits (jugement de valeur qui n’engage que moi).

En 1960, mes deux oncles militaires expatriés dans cet immense territoire africain furent obligés de rentrer fissa dans la mère patrie, ça chiait grave à Léopoldville où Mobutu, renversant une révolution négociée plus ou moins à l’amiable, sous des dehors d’abord de pacificateur, avait probablement décidé que ce serait lui qui jouirait désormais des richesses de son pays, sceptre à la main et toque de léopard au vent.*

Malgré le coup d’état, les bonnes sœurs continuèrent à être d’une charité toute catholique vis-à-vis des "pauvres petits noirs" qui mouraient de faim.
Ma première rencontre avec l’existence de la négritude était cette tire-lire trônant sur le bureau de l’institutrice, figurine dont la tête opinait en disant merci quand elle avait le bonheur de recevoir notre obole et nous celui d’être des chrétiennes généreuses pour l’enfance nécessiteuse.
"Tintin au Congo" de Hergé, acheva de me faire penser que ces êtres qui parlaient sans "R" et nous appelaient "missié" avaient besoin d’aide.
Pour moi, les noirs étaient malheureux, à accueillir et à protéger, ce ne fut que plus tard que je compris, aidée par Martin Luther King entre autres, qu’ils étaient maltraités et pas qu’en Afrique.

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